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Où l'on entre enfin dans le vif du sujet.

Publié le 30 juillet 2008 par Rosabelle

Bonjour à tous.
Si certains privilégiés (amis d'enfance, parents proches, psychanalistes de membres de la troupe) en savent un peu plus sur le contenu réel de ce spectacle-événement qui s'annonce déjà comme un grand vent frais s'apprêtant à souffler sur le paysage désertique et moribond du théâtre français, d'autres, moins chanceux, se demandent avec une curiosité grandissante frisant parfois l'obsession et menaçant leur santé mentale ce que peut bien receler cette ambitieuse envolée théâtrale mieux connue sous le titre énigmatique mais ô combien savoureux de On va tous mourir (et autres saynètes désopilantes).
A ceux-là nous ne pouvons malheureusement pas dire grand-chose, le secret professionnel nous interdisant la divulgation du moindre élément pouvant déflorer la jeune vierge effarouchée que représente pour le moment cette création.
Néanmoins, le hasard heureux nous a fait retrouver un document rare que nous pensions perdu à jamais, et qui pourra sans doute éclairer la lanterne de ceux d'entre vous qui avancent dans une nuit profonde illuminée par un réverbère ne servant qu'à mettre en relief un brouillard épais et persistant.
Voici donc ce document, prenant la forme d'une interview, livré dans sa version intégrale, en espérant que celui-ci pourra, un temps, tempérer l'appétit des plus gourmands.


Note d’intention*


Tout d'abord, pourquoi ce titre, On va tous mourir ?

Parce qu’on va tous mourir. Vous, moi, tout le monde. On va tous mourir.


Parlez-nous de ce spectacle, qu’y trouvera-t-on ?
Une certaine folie, je crois. Dans la forme, c’est une succession de séquences, de saynètes, même si ce n’est pas simplement ça mais je ne peux pas tout dévoiler non plus, laissons planer un peu de mystère, voulez-vous ? Sur le fond, je peux en revanche vous dire tout ce qu’on n’y trouvera pas : aucune parodie, ni d’émissions de télé, ni d’autre chose ; pas non plus de billet d’humeur sur la dernière conquête féminine du président de la république, ou d’état des lieux sur la misère sentimentale des trentenaires célibataires à Paris. Il me semble en revanche que nous développons, et j'avance ceci avec une incroyable arrogance et une prétention décomplexée, un univers qui nous est vraiment propre, fait d’humour noir, absurde, burlesque, d’un humour qui peut aussi bien s’appuyer sur le texte que sur le visuel, mais surtout, et j’insiste là-dessus, d’un humour qui fait rire.


Vous interdisez-vous certains thèmes, vous imposez-vous des limites à ne pas franchir ?
Surtout pas, nous ne nous interdisons rien. Je crois vraiment qu’il faut s’empresser de rire de tout, en particulier dans une époque qui cherche à polir le langage, à l’aplanir. Abordons tous les thèmes, la vieillesse, les handicaps, le racisme, et bien sûr la mort, omniprésente dans ce spectacle. Rire de ces sujets, c’est évidemment les exorciser, leur enfiler une tenue de carnaval pour mieux les démasquer. Les deux seuls critères qui retiennent notre attention sont l’efficacité, la cohérence par rapport à notre univers, et l’originalité. Ce qui fait trois. Est-ce drôle ? Est-ce que cela nous ressemble ? Est-ce qu’on ne l’a pas déjà vu cent fois ?


Pouvez-vous nous exposer votre conception du théâtre, et du rire au théâtre en particulier ?
Pff… Ce que je pense, c’est que le théâtre ne doit pas être cathartique, comme on l’entend parfois, il ne doit pas servir à se dédouaner de ses émotions, mais au contraire le spectateur doit ressortir de la salle rechargé, requinqué et armé pour affronter la bêtise et le caractère implacable et répétitif de la vie. L’acte théâtral, et l’humour précisément, devrait être le détonateur d’une réaction en chaîne qui entraînerait à son tour ce spectateur à développer ce que l’on pourrait appeler un rire de contre-attaque, un rire lucide, salvateur, celui qui sème des fleurs dans les trous de nez de la Camarde, pour paraphraser Brassens. Le rire nous venge de la bêtise et de la médiocrité du monde. « Voyez comme le bourreau a l’air sot avec sa hache quand le condamné se fend la gueule sur le billot », a écrit Eric Chevillard, un auteur qui s’y connaît, en humour vengeur. Le théâtre doit ouvrir des brèches dans le quotidien, dans la vie "normale". Au théâtre, on peut créer un univers pour ensuite le manipuler à sa guise, voire le détruire et en recréer un autre, comme un enfant enfermé dans sa chambre avec ses jouets, c’est un terrain de jeu infini.


Avez-vous des influences marquées, des modèles, dans le domaine de l’humour ?
Je pourrais bien sûr vous citer en vrac quelques noms glorieux comme les Monty Pythons, Pierre Desproges, Guy Bedos ou Roland Dubillard, mais j’ose espérer que ce que nous proposons n’est pas qu’une simple hybridation laborieuse de l’œuvre de ces prestigieux prédécesseurs, et de tant d’autres d’ailleurs. Je préfère penser qu’au-delà de l’influence qu’auraient ces artistes sur nous, si nous aimons leur travail c’est que nous nous retrouvons dans leurs œuvres, nous nous y reconnaissons, y rencontrant des frères d’armes, un cousinage, et peut-être aussi une légitimité quant à notre propre démarche. Et puis ce qu’ils ont accompli n’est plus à faire, il ne nous reste donc plus qu’à tracer notre propre sillon dans le champ déjà maintes fois labouré de l’humour et de la fantaisie théâtrale…


Merci beaucoup.
C’est moi.


* Entretien réalisé par le metteur en scène seul chez lui face à un miroir.


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