L’Australian Technical Advisory Group on Immunisation (ATAGI, commission technique des vaccinations australienne) a dans un premier temps recommandé que soient prioritairement vaccinés les adolescents de cette tranche d’âge affectés par des maladies chroniques, les jeunes Aborigènes et Indigènes du détroit de Torrès, ainsi que les enfants vivant dans des communautés isolées.
Cette recommandation a récemment été élargie à tous les adolescents de plus de 12 ans, à l’image des stratégies mises en place dans des pays comme les États-Unis et le Canada. (En France, au vu notamment des données de pharmacovigilance et d’efficacité des vaccins, ainsi que des bénéfices escomptés compte tenu de la situation épidémique, la Haute Autorité de Santé a préconisé la vaccination des adolescents dès 12 ans dans son avis du 3 juin 2021. Elle est possible depuis le 15 juin 2021, et concerne le vaccin de Pfizer, Corminaty; ou celui de Moderna, Spikevax, ndlr.)
Mais qu’en est-il des enfants de moins de 12 ans qui, en Australie, représentent une large proportion des nouvelles infections actuelles (ce qui n’était pas le cas l’an passé) ?
Les enfants doivent-ils se faire vacciner ? Quels bénéfices en espérer, pour eux et pour le reste de la communauté ? Et comment savoir si les vaccins sont sans danger et efficaces pour les plus jeunes ?
Traduction du Tweet ci-dessous : « Très inquiétant. En Nouvelle-Galles du Sud, plus de 200 enfants âgés de moins de 10 ans ont été diagnostiqués Covid-19 au cours du week-end. Alors que le nombre de cas a dépassé les 800 pendant les deux jours du week-end, 204 cas ont été signalés chez des enfants âgés de 0 à 9 ans. Dans le même temps, 276 jeunes de 10 à 19 ans ont également contracté la maladie. » Fort heureusement, tous ces mois de pandémie nous ont appris que les enfants avaient jusqu’à présent très peu de risque de développer des formes sévères de la Covid-19, ou d’en décéder.
Les données australiennes collectées du 1er janvier au 1er août de cette année indiquent que 2,5 % des enfants de moins de neuf ans et 2,9 % des enfants et adolescents âgés de 10 à 19 qui ont contracté la Covid-19 ont dû être hospitalisés. En comparaison, ce pourcentage atteint 7,7 % chez les jeunes adultes âgés de 20 à 29 ans. En Nouvelle-Galles du Sud, le nombre de cas chez les enfants est en augmentation, mais cela ne s’est pour l’instant pas traduit par une augmentation des hospitalisations en service pédiatrique.
Des données récentes en provenance des États-Unis indiquent quant à elles que les admissions d’enfants à l’hôpital pour cause de Covid-19 sont plus nombreuses que l’an dernier à la même période. Elles révèlent aussi une augmentation des infections par le variant Delta dans ces classes d’âges.
Mais même si le taux d’hospitalisations a augmenté, il demeure bas. Chez les enfants et adolescents âgés de 17 ans et moins, il est de 0,38 pour 100 000 personnes, ce qui est bien inférieur aux taux enregistrés chez les adultes de 60 à 69 ans (5,63 per 100 000) ou chez ceux âgés de plus de 70 ans (8,07 per 100 000).
Toutefois, certains enfants souffrant de maladies chroniques risquent davantage de développer des formes sévères de la maladie, c’est pourquoi l’ATAGI les a classés parmi les groupes prioritaires en matière de vaccination.
La question du risque de développement de formes longues de la COVID-19, se pose également. Cette complication de l’infection se manifeste par des symptômes de long terme : essoufflement, anxiété, diminution de l’attention et de la concentration…
Des résultats récents paraissent toutefois plutôt rassurants : parmi les enfants sur lesquels portait cette étude, seule une petite proportion s’est avérée présenter de tels symptômes au-delà de quatre semaines après l’infection initiale par la Covid-19. En outre, au bout de huit semaines, presque tous les enfants avaient récupéré. Le variant Delta est plus infectieux que les autres souches du coronavirus. Il infecte de ce fait davantage d’enfants. Provoque-t-il une maladie plus grave chez ces derniers ? Pour l’instant, il n’existe pas encore de consensus scientifique sur la réponse à cette question. Mais quoi qu’il en soit, il est certain qu’une petite proportion d’enfants tomberont davantage malades que les autres, et que leur état nécessitera une hospitalisation.
Il pourrait donc être bénéfique de vacciner les enfants afin de protéger chacun d’entre eux, à condition bien entendu que les vaccins s’avèrent sûrs et efficaces chez les jeunes enfants également. Avant de vacciner les enfants de moins de 12 ans, nous aurons donc besoin d’analyser les données des essais cliniques réalisés dans cette tranche d’âge afin d’en évaluer la sécurité et l’efficacité. La raison pour laquelle il est important de mener des essais cliniques ciblant spécifiquement les enfants est que leur système immunitaire diffère de celui des adultes. De ce fait, les enfants pourraient par exemple ressentir des effets secondaires différents après la vaccination, ou nécessiter une dose de vaccin plus faible. Les essais cliniques des vaccins à ARNm de Pfizer et de Moderna menés sur des enfants âgés de 12 ans et plus ont donné de bons résultats (pour le moment, en Australie, le vaccin de Moderna n’est autorisé que pour les adultes, mais une autorisation provisionnelle pour les 12-17 ans pourrait être accordée début septembre, ndlr).
Concernant les moins de 12 ans, des enfants sont en cours de recrutement aux États-Unis dans le cadre de l’essai clinique KidCOVE mené par Moderna. Jusqu’à présent, 7 000 enfants y ont déjà pris part. Dans le même temps, Pfizer ambitionne de recruter 4 500 enfants âgés de moins de 12 ans, aux États-Unis et dans d’autres pays.
Ces études portent sur trois classes d’âge différentes : les enfants âgés de six à onze ans, ceux âgés de deux à cinq ans, et ceux dont l’âge est compris entre six mois et moins de deux ans. Elles visent à évaluer la sécurité et la qualité des réponses immunitaires obtenues après deux injections de vaccins.
Jusqu’à trois doses de vaccins différentes - plus ou moins importantes - seront testées. Dans le cas du vaccin de Pfizer, lesdites trois doses seront de 10 microgrammes, 20 microgrammes, et 30 microgrammes (cette dernière étant celle délivrée aux adolescents les plus âgés et aux adultes).
A trial of AstraZeneca’s COVID-19 vaccine in children aged 6-17 commenced in March 2021 in the United Kingdom. However this trial was paused as a precautionary measure following reports of blood clots in adults who received this vaccine.
Concernant le vaccin anti-Covid-19 d’AstraZeneca, un essai clinique avait été entamé en mars 2021 au Royaume-Uni, chez des enfants âgés de 6 à 17 ans. Il a cependant été interrompu par mesure de précaution, à la suite de signalements de survenue caillots sanguins chez des adultes ayant reçu ce vaccin. La vaccination des jeunes enfants réduira-t-elle la transmission dans la communauté et améliorera-t-elle notre protection collective ?
Dans sa récente modélisation datée du 10 août 2021, le Peter Doherty Institute for Infection and Immunity (joint venture entre l’Université de Melbourne et le Royal Melbourne Hospital, ndlr) n’a pas évalué l’impact de la vaccination des enfants de moins de 12 ans sur la réduction de la transmission communautaire. D’autres modèles suggèrent toutefois que la vaccination des jeunes enfants et des adolescents jouera un rôle important dans l’atteinte de l’immunité collective en Australie. Vous vous demandez peut-être quand les enfants de moins de 12 ans pourront être vaccinés. Pour faire court : on ne le sait pas encore. Il faut toutefois garder à l’esprit que les enfants semblent toujours moins susceptibles de se retrouver hospitalisés pour cause de Covid-19 que ne le sont les adultes.
Actuellement, il est prévu que les premières données issues des essais cliniques visant à évaluer la sécurité et l’efficacité des vaccins chez les enfants de moins de 12 ans seront disponibles pour examen plus tard dans l’année.
Des travaux ont montré que la plupart des cas observés chez les enfants à Sidney seraient dus à une transmission au sein du foyer, souvent par un adulte infecté. Pour l’instant, la meilleure façon de protéger les jeunes enfants est donc de veiller à ce que le plus grand nombre possible d’adultes soient entièrement vaccinés.
Une couverture vaccinale communautaire élevée sera également bénéfique pour les plus jeunes, en ce sens qu’elle limitera la nécessité de fermer les écoles, ce qui peut avoir des effets négatifs sur l’éducation, la socialisation et la santé mentale des enfants. Dernier week-end des vacances. C’est la rentrée et nous nous l’affrontons tous en traînant nos galoches, ne sachant pas trop de quoi elle sera faite. Il y a un an, nous avions encore l’espoir que les problèmes et autres difficultés liés au Covid-19...