Dans un récent billet de blog, Aurélie L'Hostis, spécialiste du sujet pour Forrester, présente la répartition de la population française sur les 4 grands segments du bien-être financier définis par le cabinet. Examinons comment cette analyse peut aider les banques et autres startups de la FinTech à déterminer leurs priorités en la matière.
Rappelons en préambule que, si le concept de santé financière relève essentiellement de la capacité d'une personne à faire face, objectivement, à ses obligations, le bien-être, quant à lui, fait référence également à sa perception de sa situation et plus particulièrement sa confiance en son avenir et la réalisation de ses projets à court ou long terme. Dans ces conditions, la catégorisation proposée par Forrester combine une dimension d'équilibre budgétaire avec un axe allant de la sérénité à l'inquiétude.
Parmi les 4 cadrans de cette distribution simplifiée, les consommateurs français se distinguent, surtout avec la crise sanitaire, en se classant majoritairement (à 34%) dans celui des « aspirants à la sécurité », préoccupés par l'argent bien qu'ils ne vivent pas au mois le mois. Ils sont suivis (à 27%) par les « épargnants protégés », aisés et apaisés. Ceux qui ont du mal à joindre les deux bouts comprennent des « dilapidateurs insouciants » (27%) et les « acheteurs écartelés » (17%), angoissés par leur précarité.
Sur la base de ces observations, les banques cherchant à se distancier de leur approche historique de distributeur de produits et toutes les entreprises désireuses d'adopter une perspective véritablement centrée sur les besoins de leurs clients ont les éléments nécessaires à l'élaboration d'une stratégie pertinente et efficace. Il faudra cependant admettre rapidement que celle-ci s'appuiera principalement sur un rôle d'assistance à la gestion de finances personnelles et moins sur la création et la vente de solutions.
Certes, les individus disposant d'une certaine visibilité sur leurs dépenses au quotidien requièrent des instruments répondant à leurs attentes, par exemple d'investissement pour les plus soucieux ou de crédit pour les plus tranquilles aux ambitions importantes. Mais ce qui leur manque le plus est l'accompagnement de proximité ad hoc : l'assurance-vie, l'épargne retraite, le crédit immobilier… soulèvent toujours des interrogations, des hésitations, des anxiétés… qu'il est indispensable de soulager, en amont.
Pour les ménages, qu'ils soient indifférents ou stressés, connaissant des difficultés immédiates – celles-ci sont faciles à identifier : faculté à assumer les achats essentiels et impossibilité d'épargner –, la seule riposte envisageable passe par une aide pratique et contextuelle à la maîtrise budgétaire. Soulignons ici que seuls les inquiets (donc 17% de l'ensemble) sont susceptibles de se satisfaire des outils de PFM passifs offerts par la plupart des banques, grâce auxquels ils peuvent se rassurer en surveillant leurs comptes.
En résumé, les institutions financières de l'hexagone ont un immense chantier devant elles. Après avoir pris conscience de l'impératif de se refocaliser sur leurs clients, elles doivent maintenant intégrer que leur métier est le conseil et que celui-ci n'a de valeur que s'il est ajusté au cas par cas. L'objectif est alors de comprendre à qui on s'adresse et d'apporter à chacun un service adapté : un détecteur d'excès pour le dilapidateur, un devin pour le dépensier écartelé, un auxiliaire d'épargne pour l'aspirant à la sécurité…