José Manuel Durao Barroso a toutes les chances de se succéder à lui-même, en juin 2009, pour un nouveau mandat de 5 ans à la tête de la Commission européenne. L’ancien premier ministre portugais vient de faire acte de candidature, à un an de l’échéance. La médiocrité de la présidence Barroso a été marquée par les bricolages constitutionnels et le viol des peuples : après avoir commencé son mandat avec le double non franco-néerlandais de 2005, il l’achève avec le non irlandais au traité de Lisbonne.
Dans le même temps, on apprend que l’élargissement à la Bulgarie et à la Roumanie a été bâclé. La Commission a publié hier des rapports particulièrement sévères à l’égard de Sofia et de Bucarest accusés d’être gangrénés par la mafia et la corruption et de ne pas faire grand-chose pour y remédier. L’exécutif européen a une grande responsabilité dans cet échec : c’est lui qui a poussé à la roue pour conclure au plus vite les négociations d’adhésion avec ces deux pays en dépit des insuffisances criantes de leur État de droit. Les États membres et le Parlement européen ont suivi. La Commission aurait pu repousser l’adhésion de ces deux pays comme lui en donnait la possibilité les traités d’adhésion.
La Commission, poussée par Jacques Barrot, le commissaire chargé de la justice et des affaires intérieures, a dû le reconnaître à contrecœur. Tellement à contrecœur qu’aucun commissaire n’a osé venir s’expliquer devant les médias européens, préférant laisser deux porte-paroles s’acquitter péniblement de cette tâche ingrate. Cette lâcheté politique n’est guère surprenante de la part d’un exécutif dirigé par José Manuel Barroso. La première version du rapport sur la Bulgarie était plus violente que celle finalement adoptée : Sofia était même menacée d’une suspension pure et simple de l’ensemble des fonds structurels et d’une mise à l’écart durable de l’espace Schengen et de la monnaie unique. Barroso a manié l’effaceur avant d’envoyer face aux journalistes son porte-parole, Johannes Laitenberger.