(Hommage) à Jean-Luc Nancy (26 juillet 1940 - 23 août 2021), par Isabelle Baladine Howald

Par Florence Trocmé


Philosopher
   Pour Jean-Luc Nancy

Je ne suis plus la même depuis que tu es mort
c’est minime mais c’est
une fissure
je ne peux pas suis et toi es
je ne peux pas être et pas toi
je ne peux pas ne pas être et toi aussi
sans toi je ne peux pas être la même
toi mort tu ne peux pas être et mort
le cimetière ensoleillé, nous à pas lents pour t’accompagner
mais tu étais tout à fait avec nous alors que tu étais mort
nous étions tout à fait avec toi qui n’étais plus avec nous
être et mort ne sont qu’une antinomie totale, une dialectique impensable
ton regard vite malicieux, ta voix profonde, ton pas plus lourd avec le temps,
tu dis « ah mais (tu prononces « mé ») ça c’est tout autre chose ! » et tu penses en avant
je ne suis plus la même juste parce que tu n’es plus là
es-tu ailleurs je ne le crois pas
tu es mort, il faudrait le négatif : tu n’es = mort
le mort que tu m’es me fait être moins
c’est minime mais c’est irréparable.
Isabelle Baladine Howald
septembre 2021