Je venais tout juste de vous écrire La Bonne Chose. C'était publié le jour même. Un vendredi. Et pourtant ce n'est que 2 jours plus tard que je faisais le (possible) lien. Inconsciemment, je devais trainer une envie de faire du bien.
Mes vendredis ne sont jamais des vrais vendredis. Je m'explique. Dans la plupart des vies de bureaux, le vendredi est particulièrement "lousse". On prend tout à la légère, on sait que demain sera fait de tout-ce-qu'on-a-envie-de-faire, et le jour d'après, encore plus. Les plus sans imagination portent des jeans, j'ai même travaillé, à certains endroit, à certains moments de ma vie, dans des bureaux, où l'été, de juin à septembre, on terminait les heures de travail à midi.
L'entreprise où je bosse ne fait pas exception. Seulement 2 chauffeurs, parfois 3, sur 5 qui travaillent, des routes pas compliquées où vers 15h00 (gros max), tous les chauffeurs ont fini et s'en vont chez eux. 4 des huit réguliers du bureau se comportent en vendredi. Les deux filles ne parlent que de conneries, longtemps, ça parle recettes, décorations, histoires abracadabrantes, anecdotes pas franchement drôles. Les deux filles, le vendredi, travaillent moins qu'elles ne bavassent comme des pies à quiconque a des oreilles. Garfield tente de travailler mais est souvent au coeur de ses tourbillons de discussions. Et y a celui qui triche en faisant toujours semblant qu'il est très occupé, mais on découvre qu'il l'est très peu et, le vendredi, il se sent plus à l'aise de ne même pas cacher qu'il ne travaille pas vraiment.
"Bon je vas aller sur la route prendre des photos sur la route de Gus"
"Pourquoi?, il n'est pas capable lui-même?"
"Son téléphone n'a plus de batteries"
Et on ne le revoit plus du jour. Peut-être au McDo à lire le journal si on s'y rendait ou à écouter Netflix chez lui.
Le grand boss, lui, on ne sait pas. Il a le droit de faire ce qu'il veut. C'est le grand boss.
Puis y a nous trois, le trio qui bosse tout le temps sans vraiment prendre de pause. En dinant devant l'écran, en travaillant, parce que nos jobs le commandent. Et christ qu'on travaille les vendredis! Personnellement, j'ai les gros dossiers longs des grosses villes (Longueuil, Laval) dont les fichiers prennent une éternité à conformiser. En plus de travailler les importations du lundi, gérer les communications de la boite de courriel, préparer les pièces du lundi. Je suis largement occupé de 6h le matin à 15h00 sans arrêts. Vendredi dernier n'a pas fait exception. J'avais la langue au sol à 15h. Mais tout était bien fait.
La veille, je devais aller donner de mon sang. Il est rare. A-. Pas le plus rare mais un des plus rares. Le second plus rare après le 0-. 7% du monde. Quand je suis éligible une nouvelle fois, on m'appelle le jour même de mon éligibilité pour être certain que je reprenne rendez-vous. Je devais donner de mon sang à 18h30, jeudi, mais je vous écrivais et me remémorait trop tard mon rendez-vous à 18h55 seulement. Alors que le centre fermait ses portes à 19h...merde!
Mais heureusement, la clinique reprenait le service le lendemain, vendredi dernier, et cette fois, sans rendez-vous, j'allais choisir de m'y rendre. Bien entendu, la situation est actuellement si grave au niveau des manques dans les banques de sang, ils ne pouvaient pas me refuser. On m'a même dorloté quand on a vu la rareté de mon sang. On me traitait tout simplement royalement. Je n'ai jamais des rapports plus cordiaux et aussi harmonieux avec de parfaits étrangers que lorsque je vais donner du sang. C'est la 13ème fois que je le fais et je pense que ce n'est pas tellement assez, encore. J'ai passé facilement 4 ou 5 ans à ne pas en donner car j'avais pris toutes sortes d'amphétamines et de drogues que je savais incompatibles avec tout ça. Vendredi je donnais et savait que je faisais du bien à quelqu'un quelque part prochainement. C'est toujours si agréable se sentir utile à la planète comme ça, à la fin, je ne réalisais pas vraiment que c'était fini. On m'a dit de partir et, inconsciemment, je me disais que bon, maintenant, j'allais donner du sang...ce que je venais tout juste de faire. C'est dire à quel point c'est devenu normal et banal de le faire pour moi. J'oublie ce que je viens de faire! J'avais la tête encore pleine vendredi.
Ce même soir, j'avais choisi d'amener ma gang, ma blonde, notre fille, son +1, au resto Nickels, coin St-Hubert et Bélanger, à Montréal. J'aime toujours vivre à Montréal, mon coeur y est toujours. Y marcher, c'est pour moi, m'allumer les sens. Pourquoi ce resto en particulier, dont la rue (Bélanger) est en partie fermée en raison de constructions? Parce que quelques jours auparavant, je découvrais un clip sur le net, d'un fier covidiot, qui avait voulu aller faire son #2 à la salle de bain de ce restaurant sans son masque, et dont le propriétaire avait été forcé de l'expulser.
raisin sec là où on devrait trouver cerveau
Le covidiot avait filmé l'échange avec le proprio, qui était extrêmement calme, voir désabusé. et qui lui disait qu'il connaissait les lois. Ce à quoi le covidiot répondait faussement "il n'y a aucune loi". Il sommait même, en qualité de maitre de l'univers, je présume, ceux qui regardaient son vidéo, de boycotter et de forcer à la faillite le restaurant en l'identifiant clairement. Comme j'étais de ceux qui regardaient ce lamentable video, qui se terminait quand même avec la police qui mettait un terme au # de cirque et qui le mettait à l'amende, ce qui est amusant parce qu'à ce moment du clip, son ton devient fluté et clairement inquiet, comme j'avais le coordonnées de ce restaurant "à boycotter" vendredi soir donc, on y est allé à 4, y manger, et leur donner 107$.
Quand on a confessé au restaurateur, le même du vidéo, ce qui nous avait motivé à y aller, il en a été ému et nous as dit qu'on était les 5èmes du jour à lui dire la même chose. Le brave homme avait la larme à l'oeil.
"Si vous saviez avec quoi on compose tous les jours..."
Vendredi, quoi qu'on me dise, au travail, au don de sang et au resto, je sentais toutes les fois que je faisais les bonnes choses.
Que ma qualité d'humain prenait du grade.
Et que ce brave restaurateur, c'était beaucoup d'entre nous, à combattre les nuisances sociales.