Avant lors de mes séjours corréziens, je posais mes valises dans la maison de mes grands-parents maternels et je me laissais gaver nourrir de purée maison, de boeuf limousin, d'omelettes aux cèpes ou aux girolles. Je me souviens des draps glacés et du plaisir de se glisser sous un lourd édredon rempli de plumes. Je me rappelle du coq qui se rua sur moi un jour et qui finit le soir même la gorge tranchée. Le couteau que mon grand-père gardait toujours dans sa poche, le faisan empaillé sur l'armoire de la salle à manger, les discussions politiques des dimanches midi, le calendrier avec des chiens de chasse pendu dans la cuisine, la maie dans laquelle était conservé un énorme pain toute la semaine, la cueillette des mûres et des myrtilles, les paniers en ronce que mon grand-père tressait dans le garage, le miel qu'il récoltait dans ses ruches, cette maison est remplie de souvenirs.
Mais mes grands-parents aujourd'hui ont vieilli, s'ils ont toujours toute leur tête et le nez sur le globe lorsqu'ils reçoivent une carte postale, leur santé est bien plus fragile et un séjour chez eux est devenu trop fatiguant.
Alors je me suis mise en quête d'une chambre d'hôtes, réalisant vite que l'offre n'était pas écrasante dans cette région de France. Après des heures de ballade virtuelle, j'ai cru avoir trouvé la perle rare : une maison très fleurie dans un village à 5 minutes de la famille, avec des chambres au nom champêtre pour des prix très raisonnables. Les photos rendaient bien et en plus le propriétaire proposait une table d'hôtes. Ayant par le passé déjà testé plusieurs fois cette formule d'hébergement, nous nous attendions à tout ce qui l'a rend attractive : un contact chaleureux avec l'habitant, un soin particulier apporté à la déco, des produits locaux sur la table, le sentiment d'être un peu chez soi.
La réalité fut légèrement différente... En fait de contact, le propriétaire n'échangea pas plus de deux mots avec nous, y compris lors du repas (nous pensions qu'il ferait l'effort de quelques phrases par politesse). En matière d'ameublement et d'ambiance, je faillis appeler d'urgence Valérie Damidot tant nos hôtes avaient un goût de chiotte douteux. Les produits du pays se résumèrent à quelques confitures, le petit déjeuner étant plus que spartiate et la table d'hôtes mettant au menu une soupe au curry et un couscous, bon mais pas franchement typique de la gastronomie corrèzienne.
Quant à notre chambre, nous fûmes logés dans une sorte de cabane, construite dans le prolongement de la maison. Enfouie sous une végétation épaisse, située quasiment au milieu de la forêt, la pièce était si humide que l'odeur de renfermé et de moisi nous poussa à ouvrir grand les fenêtres et la porte...avant de découvrir qu'une nuée de moustiques envahissait la chambre. Armés d'un journal, nous nous efforçames de tuer les insectes avant de s'asperger de répulsif puis nous nous écroulâmes sur des lits si durs que j'ai eu l'impression pendant deux nuits de dormir dans un caveau )
Bref je ne vous conseillerais pas de vous arrêter dans cette chambre d'hôtes à moins que vous soyez friands de relents de purin, la maison se trouvant à quelques mètres d'un élevage porcin )
Et vous, avez-vous des bonnes adresses en chambre d'hôtes à donner?