À présent mon regard porte loin en arrière :
la boucle sera-t-elle bouclée ?
Pourquoi la ville ce matin ressemble-t-elle
tant à cette autre,
toutes lignes superposées :
les mêmes vagues qui déferlent lentement,
la même brume de poussière,
les mêmes bâtisses à demi écroulées sombrant dans la mer salée,
le même triste et inarrêtable malaise :
ce jardin devant lequel je fais halte,
aux dahlias recuits de soleil,
aux capucines châtrées,
au palmier solitaire qui se penche vers Siwa,
mendiant une humidité
maigre et âcre comme urine sur le sable –
rien ne se meurt :
tout ce que je croyais mort depuis longtemps
ressuscite :
la bicoque où d’une claque on m’a fait vivre
et où on m’a ôté le bout de ma virilité comme l’exige la religion,
le sable rouge glissant dans la grande bleue,
l’odeur d’encens portée par le khamsin –
tant dont je me souviens
tant de vieilles lampes rallumées –
des lampes dont je croyais la mèche depuis longtemps carbonisée –
et du fond de la nuit par-delà leur lueur
flotte un visage,
qui se penche sur le mien –
d’une douceur éclatante
et au parfum de fleurs…
Tatamkhulu Afrika
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