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Exposition Silvia Bächli – Maria Tackmann – Toulouse

Publié le 11 septembre 2021 par Philippe Cadu

Pour cette invitation à la Fondation espace écureuil, Silvia Bächli investit l'espace par de nouvelles pièces, des dessins à la gouaches - il lui arrive aussi de réaliser des dessins à l'encre de Chine ou à l'aquarelle.

Des formes simples, presque épurées, qui sont le fruit de gestes déterminés par des souvenirs ou des choses vues et laissées à leur propre processus interne, sans idée de forme préalable. Des gestes conditionnés par la possibilité même de son corps dessinant.

Ses dessins sont réalisés avec une grande économie du trait, aplat ou à la fois ligne et aplat, comme une épure du geste, sans aucun repentir, maintenant la fragilité des formes, et dont la gamme chromatique est fortement imprégnée des paysages du nord : " dessiner veut dire laisser des choses de côté : un paysage hivernal dans la neige, " dit-elle.

Par un accrochage extrêmement précis, aspect décisif de son travail, elle les dispose seuls ou constitue ce qu'elle nomme des ensembles - on en découvre plusieurs ici - accrochés frontalement. Variant les points de vue mais sans en privilégier un plus qu'un autre, chaque pièce ou ensemble demeure néanmoins autonome, agissant comme une structure ouverte.

Elle compose ainsi une véritable partition par leur disposition dans l'espace. De l'un à l'autre, tout en rythmes, pauses, intervalles, l'exposition s'écrit " comme une notation musicale ", ici en trois mouvements pourrait-on dire. Et le mur blanc sur lequel sont disposées ses grandes feuilles blanches - support désormais exclusif de son travail - devient alors une sorte d'extension, reliant plus qu'il ne sépare, créant des vides et des silences. Une invitation au déplacement, où se dessinerait une ligne imaginaire que l'on suivrait. Une parmi d'autres possibles.

Maria Tackmann

Arpenter, ressentir, collecter, assembler, installer. Les oeuvres de Maria Tackmann sont constituées de gestes, d'actions ou d'objets qu'elle récolte au gré de ses déplacements, avec une prédilection pour l'espace urbain, les friches, les zones délaissées et les interstices.

Un travail d'archéologie du quotidien et du présent, attentif à nos environnements familiers sur lesquels notre regard ne daigne pas s'arrêter, archéologie qui se déploie dans l'espace d'exposition ou sous forme de livres uniques constitués de dessins - parfois des photographies, de papiers collectés et de matériaux plats trouvés. " Je les déplace encore et encore et à un moment donné je décide de les fixer comme un livre. " D'une forme à l'autre, se révèlent fragments de briques, de bois ou de béton, ruban adhésif, laine, éclats de verre... petits objets qu'elle empile, ordonne ou étale par affinités de formes, de matières, de tailles ou par inclinations plus secrètes.

Ainsi chaque exposition est l'occasion d'une expérimentation déterminée par la rencontre avec un lieu, une géographie, et les collectes qui en sont issues : " à Paris je me promenais et je ramassais des choses dans le quartier ; en Crète, j'ai travaillé dans un bâtiment inachevé, dans une décharge de matériaux de construction et sur un terrain de football désaffecté ; à Athènes, j'ai découpé une carte en 38 parcelles, j'ai marché jusqu'aux points de croisement, et j'ai noté ce que j'y ai observé ; en Tunisie j'ai compté les arbres ; au Caire j'ai filmé mes balades à vélo à travers la ville, le soir j'ai visionné les vidéos et fait des captures d'écran, et j'ai aussi nettoyé un toit et dessiné un motif dans la poussière. " Un travail ouvert et en perpétuel mouvement, dont nous découvrirons à Toulouse les nouvelles créations.


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