Solitude du dirigeant français. La BPI a publié une étude sur le sujet. D'ailleurs, c'est devenu un lieu commun. Mais cette solitude est-elle bien ce que l'on en dit ? Une discussion m'a amené à me rappeler d'une anecdote curieuse.
Réunion de comité de direction d'une PME. Je remarque qu'un directeur, homme de confiance du PDG, semble mal à l'aise. Je ne sais pas trop comment je m'y suis pris, mais je lui ai demandé ce qui n'allait pas. Il en est ressorti quelque-chose comme : la nouvelle DRH applique dogmatiquement le code du travail et le personnel est inquiet car il risque de ne pas y avoir assez de monde pour faire face au "coup de feu" annuel de juillet. (Je suis très fier d'avoir compris cela, car je n'étais pas là pour cette question, et je ne connais rien au métier de l'entreprise.) J'interroge le PDG : est-ce grave ? Il me répond : oui. Pensez-vous que je doive intervenir ? me demande-t-il. Moi, surpris : bien sûr ! Plus surprenant : il a réglé la question en deux coups de fil.
Ce type d'incidents a émaillé ma vie, depuis mon premier stage en entreprise. Mais je n'en ai pas compris la teneur. En effet, j'étais tout content de pouvoir résoudre aussi facilement des questions qui paraissaient aussi critiques. Au fond, je pensais : qu'ils sont ridicules ! Complexe de supériorité.
Je crois maintenant qu'il y a quelque-chose dans la culture française qui fait que "l'on ne se parle pas". Peut-être que le Français a un respect inné pour la hiérarchie, les conventions sociales, même s'il est syndicaliste ou révolutionnaire, voire anarchiste. Cela mériterait d'être étudié.
En tout cas, je fais actuellement une étude qui va tout à fait dans ce sens. Je constate que, pour qu'un groupe d'entrepreneurs puisse se constituer, il faut qu'il y ait un intermédiaire qui fasse émerger les sujets dont on n'ose pas parler...