Outre l’exposition ‘Real Life’ sur la décennie 1998-2008, le Musée d’Israël à Jérusalem (dont les collections permanentes sont fermées pour rénovation) présente aussi une exposition nommée “Secrets and Ties”, titre un peu grandiloquent, mais qui fait naître des parentés entre des oeuvres éloignées.
C’est ainsi que voisinent plusieurs empreintes de corps, celle du corps moulé dans le bronze de Gormley ou, par Sigalit Landau, d’un homme terrassé par les coups, mais aussi la trace peinte d’un mort du Fayoum ou la robe de chambre du premier amant de Sophie Calle, ou bien l’ombre de Picasso sur la figure de Françoise Gilot qui osa le quitter.
Pesi Girsch présente dans de petites fenêtres qu’un volet peut occulter, des photos de membres ou de têtes quasiment submergés par un liquide laiteux, disparition du corps. Une sculpture de Magdalena Abakanowicz est comme une enveloppe humaine, une trace, une ombre laissée par une explosion atomique (Standing Figure in iron cage); pour moi elle évoque cette très ancienne statue jordanienne au Louvre.
La mort d’Adonis, de Rubens trône dans la salle, mortel pleuré par déesse et Grâces. Le thème du coprs, de sa trace, de son absence va ainsi de pièce en pièce, avec légéreté et grâce.
Sinon, dans ce Musée envahi d’enfants joyeux, il faut admirer l’architecture de Bartos et Kiesler pour les manuscrits controversés des Esséniens, sur lesquels je ne saurais rien vous dire. Mais un dôme blanc arrosé d’eau évoque un couvercle de jarre : c’est le domaine des Fils de la Lumière. Au fond, le bloc de basalte représente les puissances du mal.
Maintenant, 10 à 15 jours de silence.