Depuis que ce blog existe (et ça commence à faire... février 2005 pour la version initiale), j'ai parfois écrit de nouvelles news sur le coup de ce que j'appellerais des "pulsions émotionnelles". Je me souviens par exemple avoir posté un texte dès la fin d'un match de l'US Open entre Nadal et Federer. Il était 4 heures du matin. Peu importe. J'avais besoin de partager l'intensité des émotions que je venais de vivre. Sans attendre. Mais parfois, quand beaucoup d'émotions se bousculent, mieux vaut se donner un peu de temps, remettre son cerveau en ordre pour proposer quelques lignes cohérentes. Ce fut le cas au retour du Triathlon de Gérardmer qui se disputait le week-end dernier.
Ce triathlon, beaucoup m'en avaient parlé. Un parcours exigeant (ce qui en langage triathlète signifie "accroche-toi, ça monte dur"), une grosse ambiance, une organisation parfaite m'avait-on dit. Je n'avais pourtant jamais eu l'occasion de m'y rendre. Jusqu'à cette année. Non pas pour le courir mais pour y travailler au sein du service de presse.
En quelques jours, j'ai compris pourquoi les inscriptions étaient closes à peine 30 minutes après leur ouverture. J'ai perçu une partie de la richesse de l'événement, ou plutôt de ceux qui oeuvrent à son existence.
Pendant deux jours, des gens heureux, des pleurs sur la ligne d'arrivée, des cris d'encouragement, des cris de soulagement, des cris de joie, des enfants, des maris, des épouses, des parents avec les yeux qui brillent devant leur papa, leur maman, leur enfant, leur copine, leur copain, leur ami(e). Tous heureux d'être là, tous heureux de vivre ces instants. Des images de joie et de gens heureux... des images de bonheur. Le bonheur.Celui par exemple de voir ces gamins et ces gamines sur la plage de départ du TriKids Bold d'Air et du Mini Trikids Bol d'Air. A la sortie de l'eau, un corridor rempli de parents parfois à la limite de l'hystérie, de spectateurs toujours enthousiastes et surtout ces gamins en train de vivre leur première grande émotion sportive. La médaille avec laquelle ils sont repartis restera probablement longtemps tout près de leur lit. Peut-être fera-t-elle naitre quelques rêves et quelques vocations. Avec d'autres médailles qui au fil des ans seront accrochées sur les murs de la chambre.
Même émotion sur l'épreuve Découverte Harmonie Mutuelle. Au départ, quelques jeunes bien décidé(e)s à alimenter un palmarès où ne figurent encore que les premières lignes, mais surtout beaucoup de triathlètes débutants. A l'entrée du parc à vélos, facile de les repérer. Les gestes sont hésitants, les interrogations nombreuses. Des vélos que l'on imagine davantage destinés à partir faire le marché qu'à disputer un triathlon. Des tenues loin des tri-fonctions ultra moulantes des champions. Pour la grande majorité, le chrono n'est qu'anecdotique. Les secondes, les minutes et même les heures sont loin des esprits. Ils sont là pour vivre une expérience, pour relever un défi avec des potes, des collègues... et le plus souvent avec eux-mêmes.Pour beaucoup, les poings se serrent au moment d'en finir. Souvent un cri et parfois même quelques larmes. Du soulagement mais aussi et surtout de la fierté. Fierté partagée par les proches au moins aussi émus. En franchissant cette ligne d'arrivée, beaucoup ont gravi leur Everest. Certains, quelques semaines auparavant, n'imaginaient peut-être pas en être capables. Pourtant, ils se sont lancés, se sont entraînés et cette première expérience, plus qu'un aboutissement ne sera probablement qu'une étape. Regarder arriver tous ces nouveaux triathlètes, les voir vivre ces moments, c'est se souvenir de tout ce que le sport peut offrir. Bien plus qu'une médaille. C'est aussi pas mal de poussières dans les yeux...
A l’arrière de la course, l’ancien basketteur emblématique du SLUC Nancy et de l’équipe de France Cyril Julian, reconverti depuis longtemps au triple effort, est lui venu courir aux côtés de deux membres d’un programme mené dans le cadre de sa structure « En formes », centre spécialisé dans la prise en charge et la réhabilitation sportive de personnes obèses. A l'arrivée, nouvelles larmes, nouveaux sanglots de l'une d'elle, Stéphanie, rejointe par son fils incroyablement fier de sa maman. "Mission accomplie, lâche le basketteur. C’est super de pouvoir accompagner des gens sur des défis personnels aussi importants. Et de voir que ça tire les larmes à la fin, que les enfants viennent rejoindre leur mère, c’est du bon boulot. Je suis content." Il peut l'être. Ses larmes séchées, Stéphanie confie son bonheur. "Après tout ce que j’ai traversé, c’est hallucinant d’en être arrivé là. Je suis partie du double de mon poids avec des problèmes de dos et d’autres problèmes. Aujourd’hui, c’est l’aboutissement de tout un parcours qui dure depuis plus de deux ans." Nouvelle poussière dans l'oeil. Le Triathlon de Gérardmer, ce sont aussi les départs des courses. Des vrais départs de triathlon, en masse, en mode "machine à laver", ceux qui en plus d'offrir des images fortes, laissent des souvenirs inoubliables aux participants, une montée d'adrénaline qui rend l'expérience encore plus intense. Loin de ces maudits "rolling starts" aseptisés où sous prétexte de rendre la natation plus accessible, on raye un instant unique de ce sport (c'est un peu comme si on organisait des marathons sur 35 km pour le rendre plus accessible). Obligé d'évoquer les ambiances avant chacun de ces départs. Ibiza version Vosges. Musique à fond, Jay Style et Chun Yu speakers survoltés au micro pour lancer ola, clapping et faire monter encore un peu plus la température. Et toujours... des gens heureux, qu'ils soient triathlètes ou spectateurs.
Vous voulez encore des gens heureux ? Alors direction le parcours de vélo. Ils sont des milliers sur le bord des routes (mention spéciale pour les Belges hors concours niveau ambiance), des milliers amassés dans les principales difficultés du parcours, dans les côtes de Poli ou de la Rayée. A l'arrivée, les athlètes élites, pourtant habitués à sillonner la planète, évoquent "une ambiance digne du Tour de France". "Crazy ! Crazy !" Szannett Bragmayer, la triathlète hongroise de Metz est l'une des meilleures mondiales (12e aux JO de Tokyo) mais quand on lui demande ce qu'elle a ressenti pendant sa course, la gagnante du Distance Olympique Aptonia n'en finit plus de s'émerveiller. Dans ses yeux, et au-delà des mots souvent répétés à l'arrivée d'une course par les champions (par habitude ou courtoisie), on décèle cette fois toute la sincérité des propos. La veille, ils étaient aussi des milliers à vivre la première édition du SuperG Herbalife et Petit Meunier. Un format ultra spectaculaire type Super League, l'assurance de vivre des temps forts toutes les 5 minutes. Et devinez comment étaient les gens pendant cette épreuve ... HEUREUX !
Tous ces instants, ces gens heureux le doivent à une incroyable équipe d'organisation. Derrière la famille Charbonnier (Bernard, Paul, Margaux etc.), à la tête de l'événement depuis de nombreuses années, toute une équipe parfaitement rodée. Chacun sait ce qu'il a à faire... et le fait. 700 bénévoles pour monter (puis démonter) le site, tenir les ravitaillements, distribuer les dossards et les médailles, tenir la buvette (bah oui c'est essentiel), gérer les départs... et assurer les 10000 tâches indispensables pour la réussite d'un événement. Comme toujours, rien ne serait possible sans eux. J'ai depuis des années déjà beaucoup écrit sur ces bénévoles mais leur dévouement à une épreuve m'impressionne toujours. Et même m'émeut.
Bien sûr, la météo estivale a rendu la fête encore plus belle (qui a dit qu'il pleuvait toujours dans les Vosges ?). Mais le Triathlon de Gérardmer a une dimension patrimoniale qui lui donne une dimension très spéciale. Il est un événement de sport certes. Il est aussi un cadeau. Dans les Vosges, Noël se fête en septembre.
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Un grand merci à Peggy Bergère, top boss de l'agence Plein Zoom. Merci Peg de m'avoir proposé cette mission et permis de vivre ces beaux et intenses moments. Le sport ce sont aussi des rencontres, ce Triathlon de Gérardmer en fut riche.
Très heureux d'avoir croisé la route de Bertrand et Sarah, tandem de choc incroyablement efficace sur les réseaux sociaux de l'événement. La route de Thomas le photographe, de l'équipe d'Alabama Productions, boite de prod avec une équipe au taquet qui n'a pas compté ses efforts (et ses kilomètres) pour réaliser de superbes images (hâte de voir le film). Celles de Jay Style, Chun Yu et Sylvain, speakers et DJ survoltés, celle de Virginie. Belle rencontre aussi avec Benoit, au coeur de l'organisation et source d'inspiration avec ses... 35 Ironman !
Heureux aussi d'avoir croisé Cyril, basé dans mon village d'origine marnais d'Athis et qui a superbement assuré sur le Triathlon XL Je vois la vie en Vosges. Beau boulot !
Et bien évidemment, je veux terminer par l'équipe d'organisation. Bernard, Paul, Margaux, Anne-Sophie, Sarah (de base, on rêve tous d'avoir des stagiaires comme elle), et toutes celles et tous ceux que j'ai aperçus sans avoir eu l'occasion de trop discuter. Impressionnant de voir le souci permanent de rendre l'événement le plus "fluide" possible, le plus accueillant. Avec également la faculté dès une épreuve terminée à se projeter sur la prochaine édition pour trouver d'éventuelles pistes d'amélioration. Toujours faire mieux pour offrir encore davantage aux triathlètes, partenaires et spectateurs. Du très très bel ouvrage. Immense merci de faire vivre cette pépite ... Alors même si je risque de mettre un peu le triathlon entre parenthèses jusqu'au Paris-Brest-Paris 2023, le futur gros objectif à venir, obligé d'ajouter le Triathlon de Gérardmer sur la "To do List" des épreuves incontournables. A très vite donc !