Rendez-vous avait été pris pour les 7 et 8 septembre, en vue de la cross-examination de l'accusé MEBE NGO'O par les conseils de MENYE Victor Emmanuel, suivis de ceux de la partie civile et par le ministère public.
La partie consacrée à l'accusé MENYE a été menée par Me MANDENG qui a passé la cross-examination (contre interrogatoire) à MEBE NGO'O.
A la question de savoir s'il pouvait parler de la carrière et de la personnalité de MENYE, MEBE NGO'O a dit que MENYE était son ami d'enfance. Après des études secondaires au Lycée Général Leclerc et universitaires en France pour MENYE, secondaires au Collège Vogt et universitaires au Cameroun pour lui, chacun d'eux s'était engagé de son côté sur le plan professionnel. La banque pour MENYE et l'administration pour lui. Qu'au terme de ses affectations, ils se sont retrouvés à Yaoundé où ils ont continué leur relation amicale et fraternelle. Que le hasard a voulu qu'à sa nomination comme DCC, il trouve que MENYE s'occupait des comptes bancaires du Cabinet Civil. Qu'il en sera de même à la DGSN et au MINDEF. MEBE NGO'O a poursuivi qu'il reconnaît et assume son amitié et sa fraternité avec MENYE en insistant qu'elles ne sauraient se transformer en complicité sur le plan professionnel.
A la question de savoir si du fait de leur amitié, MENYE était au courant de ses faits et gestes, MEBE NGO'O a fait observer qu'il n'était pas marié à MENYE pour que celui-ci soit au courant de tous ses faits et gestes.
Après plusieurs échanges et une objection du ministère public relevant que les questions posées ne permettaient pas de faire avancer la procédure, le Conseil de l'accusé MENYE a dit que la cross-examination menée avait pour but de démontrer que l'amitié et la fraternité entre les 2 accusés ne pouvaient être assimilés à la complicité tel que l'avait dit l'accusation dans l'ordonnance de renvoi et les réquisitions intermédiaires. Surtout que MENYE n'a été ni fonctionnaire du ministère de la défense, ni attributaire de marchés au ministère de la défense. Aussi aucun marché querelle dans cette procédure n'avait été payé par la SCB dont MENYE était DGA.
A la question de savoir si MENYE était gestionnaire de ses comptes, MEBE NGO'O a tenu à faire remarquer que le gestionnaire d'un compte devait être de rang inférieur au poste occupé par MENYE dans la banque.
S'agissant de la complicité de blanchiment aggravé de capitaux d'un montant avoisinant 20 milliards, MEBE NGO'O a dit que MENYE ne connaissait pas tous ses comptes bancaires. Il a réaffirmé ce qu'il avait déjà dit au cours de l'Examination-en-chief, que MENYE n'avait rien à voir dans le procès en cours.
Alors que la parole a été passée aux avocats de la partie civile pour leur cross-examination à l'accusé MEBE NGO'O, ceux-ci par la bouche de Me Atangana Ayissi ont dit qu'ils n'étaient pas prêts et sollicitaient un renvoi, à plus d'un mois, pour leur permettre de s'accorder avec le greffe dudit Tribunal sur les documents produits par l'accusé sur lesquels l'accusé serait opposé avec " méthode ".
S'en est suivie une levée de boucliers de tous les avocats de la défense, surtout après la non objection du ministère public sur ce renvoi.
Ainsi, Me KOE AMOUGOU, Avocat de MEBE NGO'O s'est étonné de ce que la partie civile sollicite un renvoi sur une phase de procédure prévue depuis longtemps et surtout après que le ministère public ait passé 5 mois pour fournir les preuves d'accusations. Me KOE a dit qu'il n'y a aucune honte à ce que l'accusation dise qu'elle n'a rien à opposer aux accusés. Me KOE a demandé que le renvoi ne leur soit pas accordé.
Me NGUINI Charles, Avocat du colonel Mboutou, s'est offusqué de ce que le ministère public qui, peu de temps avant, se plaignait de la lenteur à travers la cross-examination du conseil de MENYE, fasse objection. Il s'est opposé à ce renvoi sollicité par la partie civile.
La Présidente de la collégialité a accédé à la demande de la partie civile et a renvoyé la cause au 19 octobre pour la cross-examination des avocats de la partie civile et suite de la procédure.
Il y a lieu de se demander comment le ministère public et la partie civile peuvent dire, 30 mois après avoir inculpé un suspect, après avoir requis sa poursuite sur la base des faits, après avoir suivi sa défense, ne pas être prêt à lui poser des questions pour le contredire et le confondre ? Et pour cela solliciter un renvoi sur plus d'un mois, alors que 10 jours avant ils savaient être susceptibles de lui poser des questions ?
Au regard de la peine éprouvée par le ministère public pour apporter les preuves de leurs propres accusations, au vu de la clarté apportée dans les réponses de l'accusé MEBE NGO'O, au cours de l'Examination-en-chief, il ne fait aucun doute que ce procès contre l'ex MINDEF se révèle comme étant un procès qui n'a rien à voir avec la lutte contre les détournements et la corruption. Le public s'en est trouvé conforté à travers les conciliabules entre les magistrats représentants du ministère public (partie au procès)et la collégialité, devant tout le monde.
Rendez-vous a été pris le 19 octobre