Dans le couple d'amis, c'est elle qu'on a d'abord connue.
Au CEGEP. L'amitié a duré. On a eu des enfants depuis, deux chaque. Nous en premier. Zont 22 et 18 ans respectivement. Une gars et une fille, dans l'ordre. Les Jones. Chez les Prowd, leurs enfants à eux, Waytoo, un garçon de 13 ans, et sa grande soeur So, 19 ans, ont toujours eu cette drôle de personnalité qui nous as fait découvrir un léger défaut du père sur lequel on passait toujours l'éponge. Souvent parce qu'en groupe. Ce qui était plus facile à ignorer, inconsciemment.
Mais dans l'intimité de leur chez-eux, sur 4, ça faisait 3 dont le défaut était soudainement grossi:
L'envie de TOUJOURS vouloir impressionner. Presque 100% des discours, des 3, un adulte 2 enfants, enfin, 2 adultes, 19 ans, c'est une adulte, mais So se comporte de manière parfois très très immature, presque 100% de leur discours, est un propos où la seule chose qu'il faille répondre est un "wow!" impressionné. Ce qui n'est jamais le cas. Et quand on est impressionné pour vrai, ça passe plus ou moins inaperçu parce qu'on ne dit pas "oh wow!", mais on formule autrement, avec plus de chair autour de l'os. Et il faut préciser quelque chose "ah non mais là, ça, ça m'impressionne". Pour m'impressionner, personnellement, faut me surprendre, si on me donne rendez-vous pour m'impressionner, ça ne fait qu'attirer le contraire.
Nous sommes allés récemment manger chez ce couple d'amis. Nous avions avec nous notre fille de 18, Punkee, qui n'était pas venue dans le 418 depuis un bout de temps, alors on a tenté de maximiser toutes les rencontre possibles avec les jeunes de son âge, ses cousines, la fille d'un ami, et cette fois, la fille du couple Prowd. Celle-ci étudie aussi en soins infirmiers alors elles ont beaucoup à se jaser là-dessus. Ce furent les seuls moments de conversations intéressantes impliquant les enfants. Qui sont si trempés dans la fierté qu'une queue de paon semble leur pousser dans le popotin.
Quand nous sommes arrivés, le plus jeune, Waytoo, avait préparé une mise-en-scène. Le garage était ouvert, et probablement qu'il attendait là depuis longtemps car quand on est arrivé, on l'a surpris et je l'ai vu faire une course pour aller cherche sa trottinette, et ensuite faire semblant qu'il en faisait de manière toute à fait impromptue, alors que le calcul transpirait de partout. Il voulait visiblement nous montrer son "bolide" et nous obliger à poser des questions dessus, ce que nous n'avons pas honoré, d'aucune manière. Me sont revenus la dernière fois que j'avais été chez eux, une seule autre fois auparavant, il y a si longtemps, et deux seules choses me sont revenues en tête.
-Mon fils qui me suppliait de partir en cachette parce qu'il en avait soupé du petit Waytoo voulant l'impressionner à tout prix.
-So, qui avait joué à un jeu avec nous, mais qu'on voyait pleinement tricher, qu'on lui disait, que ses parents lui disaient aussi, qu'elle niait, ce qui plongeait tout le monde dans le malaise. D'autant plus qu'elle était très bonne pour berner. Trop bonne.
Il y a peut-être eu une autre visite chez eux, car je me rappelle aussi une fois où Waytoo venait sans cesse intervenir dans nos conversations d'adultes (il avait peut-être alors 10 ans) pour nous montrer quelque chose. Si notre fils avait alors été avec nous, je sais qu'il aurait sa victime de fanfaronnade et il lui aurait sans cesse collé au cul.
Une fois à l'intérieur, on a (re) visité la maison qui n'était plus fraiche à nos mémoires. Bien entendu 3/4 de leur unité familiale bombait le torse pendant la visite de la maison sur 2 étages. Il y avait du bien, du très bien, du très très bien, mais pas de wow, rangez cette poudre aux yeux qui ne fera que nous faire éternuer.. C'était principalement les enfants qui guidaient la visite, dans l'excès d'informations:
-"Ça, ce sont mes skis quand j'ai gagné la compétition de Stoneham" (So)
-"Moi j'ai gagné la course de 2 KM, à l'école" (Waytoo), en parlant un peu plus fort pour s'imposer.
Inconfort...too much information. Ça a été comme ça toute la soirée.
Une fois rendu au sous-sol, Waytoo n'avait fait que grimper l'échelle de l'intensité pour nous présenter ceci-cela, dont un garde-robe dans sa chambre, plein d'armes en plastiques, "en préparation pour quoi que ce soit", ce qui ne pouvait que nous faire réfléchir sur l'extension de ce passe-temps, une fois adulte.
Les wow n'ont pas fusés. Dehors, oui, ma conjointe a senti le besoin d'en livrer quelques uns. Elle le fera toujours sur ce que quiconque fait de ses mains. La galerie, la pose de pierres de patio, la clôture, le toit de la véranda, le coin du spa, et autres banlieuseries. Qui m'intéressent autant que de me faire pénétrer un manche à balai dans l'anus. Quand on se penche pour faire ses niaiseries là sur un terrain, notre craque de fesses est forcément vulnérable.Rendu au sous-sol, Waytoo ne se pouvait plus. Sa soeur So, le connaissant mieux que nous, et qui si nous le trouvions insupportable, elle préférait tout simplement ne pas y être, a échappé un petit soupir et a disparu pour la visite du sous-sol. En effet, ça semble être le royaume de Waytoo, le sous-sol. Il y a une salle de "cinéma maison" assez intéressante avec 4 gros bancs moelleux qu'on pourrait retrouver dans un cinéma de luxe. Pour le fan de ciné en moi, c'est assez fameux. Mais bon, ils sont amateurs de films de super-héros, alors ça s'arrête pas mal là. La poudre aux yeux, ça me plait toujours peu. Et si j'ai mis "cinéma maison" entre guillemets, c'est parce qu'on écoute moins de cinéma que l'on game (joue) sur quelques consoles.
Waytoo, au centre de la pièce, avait son clavier multicolore qui pouvait passer en mode disco et nous l'avait expliqué de long en large avec démonstration. Pour papa, on peut comprendre d'où naît ce désir de tout le temps vouloir épater, c'est son métier. Il travaille dans l'éclairage (de plusieurs de vos émissions de télé préférées d'ailleurs) et une partie de son travail est justement d'en mettre plein la vue. Au sens propre. Waytoo, était sur son trône de fer et commandait tout ce qui passait. Il nous a fait l'inventaire de tous ses jeux, sans savoir qu'on en connaissait aucun (mon fils n'y étant pas) et que ma fille et moi tentions de scruter du regard leur bibliothèque de films au fond, mais ne trouvions rien suscitant l'excitation. Il nous as aussi fait le palmarès de ses conquêtes de gamers. Ma fille m'a confié qu'elle pensait alors à son chum qui se faisait vacciner pour une seconde fois à Montréal, au même moment, ma blonde pensait au vin qui n'avait pas été mis au froid et à son père qui n'avait été pleinement averti qu'on couchait encore chez lui le soir même, et moi je pensais à Kotkaniemi et à tout ses joueurs à huer l'an prochain. On a pas écouté. Faut d'abord être intéressé.
Quand il a débuté à jouer à Titan of Destruction, ou étais-ce Titan Killers? Non, Titan Will Poison You? Enfin Titan quelquechose (Fall?)
Quand il a débuté à jouer, dis-je bien, prenant pour acquis que nous voulions être spectateurs de ses prouesses de gamer, une conversation s'est naturellement opérée entre adultes, il était le seul non adulte de la maison. Ça l'a affecté. Par trois fois, il a élevé la voix afin d'attirer notre attention sur quelque chose qu'il faisait à l'écran. La troisième fois, il a crié plus fort nous forçant à regarder qu'il entrait dans un robot. Voulant combler le silence inconfortable qu'il avait créé, il a chantonné un peu. Je me suis retenu pour ne pas roter ou faire un bruit de pet avec ma bouche, le moment le commandait.
Nous avons fait un jeu de cartes médiévales, un jeu de stratégie, où par 3 fois, il a triché. C'était très visible. Il devenait mon ennemi. Dans la vraie vie. Pas de pitié pour la triche. Et comme il expliquait les règles à 3 des 7 personnes impliquées, il nous as guidé là où il serait plus facile pour lui de gagner. Ce qu'il a fait. Plaisir: nul. D'ailleurs c'est surtout entre Waytoo et So que les dialogues se sont tenus, puisque nous trois, on a essayé de comprendre le jeu jusqu'à la fin.
Après avoir bien fini dernier, comme il le souhaitait pour nous, on est redescendu au sous-sol car il voulait nous montrer quelque chose. On a vite découvert que c'était encore des spectateurs qu'il voulait qu'on incarne, pour assister à ses prouesses à Titan Call ou Titan Nervant . On a vite discuté d'autres choses, entre adultes pendant qu'il jouait devant nous. Les bancs de ciné étaient confo. Les drinks, soft ?& cool. Et toutes les fois qu'il a crié pour attirer notre attention, on a cessé de mordre à l'hameçon, même si il criait beaucoup plus fort que précédemment, dans un mauvais français (il avait aussi visiblement créé un catégorie "inviter"(sic) pour qu'on se porte volontaire à jouer)
"Zavez tu vu ce que j'arrais (sic) failli passer proche de faire?"
Alors qu'on était sur des pistes intéressantes, entre adultes, parlant de manières de pirater les signaux télés gratis, sans aucune affiliation à des distributeurs de télédiffusion, il nous as coupé fatalement une dernière fois:
"AAAAAAAAAAAARGH! NOOOOOOOON!"
Son personnage venait de mourir sur grand écran car il jouait en ligne. Et ne l'acceptait pas. Sa soeur est apparue dans le cadre de porte.
"HAHA! en plus celle qui t'a tué, Cindystargaze, c'est une fille!"
Waytoo a d'abord vu son visage devenir rouge écarlate et a tout simplement explosé comme une grenouille fumant une cigarette.
On enterre Waytoo dans le cimetière des victimes d'orgueil, le cimetière Guy Bertrand, samedi prochain.
Waytoo Proud
(2008-2021)
Voulait tant impressionner.
N'a pas été téméraire en fonction de l'émission de Dominique Arpin et ses surfeurs du web.
Ses parents ont insistés sur ce dernier point, pour la pierre tombale.