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BBVA bouge dans la banque privée

Publié le 07 septembre 2021 par Patriceb @cestpasmonidee
BBVALe lancement par une institution financière éminente d'une nouvelle plate-forme d'investissement 100% en ligne ne relève plus vraiment de l'innovation. Cependant, quand l'initiative émane d'une banque privée, elle mérite de s'y intéresser car elle reflète peut-être une réorientation stratégique majeure annonciatrice de bouleversements.
Le produit lui-même, d'abord. Conçu par BBVA Suisse et baptisé New Gen, il promet une souscription entièrement à distance en 15 minutes, avec contrôle d'identité en vidéo. Il met à la disposition de ses utilisateurs, via web et mobile, un accès à un grand nombre d'instruments élémentaires, actions et autres. Il ajoute ensuite à ce socle une série de fonds indiciels thématiques, notamment autour de l'environnement et des technologies d'avenir, afin de répondre aux attentes des consommateurs d'aujourd'hui.
Avec ses frais annuels de 300 francs suisses et des commissions minimales sur les transactions, les tarifs sont clairement serrés, même s'ils ne sont pas les plus bas du marché. Outre les fonds thématiques maison (qui bénéficient d'ailleurs de conditions avantageuses), l'application associée comprend également un volet d'accompagnement, avec des suggestions de valeurs correspondant à diverses catégories ou centres d'intérêt, par exemple la mobilité, la transformation numérique, le changement climatique…
Au fil de cette description, il ressort donc une solution relativement classique, évoquant le désir d'un établissement traditionnel de réaligner ses pratiques sur l'état de l'art contemporain, tel qu'il est dessiné désormais par les trublions du secteur. Seule véritable originalité, New Gen est le premier de sa famille à intégrer les cryptomonnaies dans son périmètre, en en autorisant l'achat et la vente, en assumant leur conservation et en les traitant comme d'autres actifs au sein des fonctions de suivi de portefeuille.
BBVA New Gen
Ce n'est pourtant pas là ce qui retient le plus mon attention. Il me semble en effet beaucoup plus important de m'attarder sur les raisons qui pousse BBVA Suisse, filiale de banque privée du groupe espagnol, à s'aventurer de la sorte sur le terrain des services au grand public (certes, le seuil d'apport à l'ouverture de compte est de 10 000 dollars, significativement supérieur à celui des offres comparables, mais sans aucune commune mesure avec les habitudes de la gestion de patrimoine, surtout helvète).
Précisons à ce stade que New Gen, qui décline ses capacités aussi bien en dollars et en euros qu'en francs suisses, s'adresse aux populations de l'ensemble de l'Europe ainsi que des pays d'Amérique latine où BBVA dispose d'une présence (Mexique, Colombie, Argentine, Chili, Pérou)… voire au-delà. L'idée sous-jacente devient donc transparente : il s'agit de drainer une clientèle renouvelée vers la banque privée, en essayant de convaincre prioritairement les fidèles des établissements « conventionnels » du groupe.
Voilà une exploitation rare de l'opportunité que représentent depuis leur émergence les outils d'investissement personnel et les robots-conseillers : ils constituent un point d'entrée naturel pour les particuliers possédant un peu d'épargne, qui, dans un certain nombre de cas, se développera au point de devenir un patrimoine éligible à une gestion de banque privée. Cette dernière a donc tout intérêt à capter ces futurs clients dès leurs premiers pas, elle n'en sera que plus susceptible de les conserver plus tard…

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