Pionnier de la banque ouverte, le Royaume-Uni entend conserver son avance, notamment en étendant progressivement son périmètre au-delà des quelques fonctions élémentaires prévues par la réglementation européenne (la fameuse DSP2). Les paiements récurrents variables (VRP) constituent une des prochaines étapes de sa feuille de route.
Ce n'est certes qu'un petit pas, qui nous laisse encore très loin de la vision ultime de la finance entièrement ouverte, mais le nouveau domaine visé n'en est pas moins important. En effet, tandis que les usages sont en forte croissance, entre autres en raison de l'hégémonie émergente de l'économie de services, les solutions disponibles, telles que les transactions programmées sur les cartes, échafaudées tactiquement avec les moyens du bord, comportent de nombreux défauts et limitations qui nuisent à leur efficacité.
La récente introduction des paiements récurrents variables parmi les standards « open banking » définis par les autorités britanniques est abordée comme une réponse organique à ce besoin latent. Cependant, fidèle à son habitude bienveillante, le régulateur tente d'abord d'encourager l'adoption de ses recommandations avant de se résoudre à les imposer par la force (de la loi). C'est donc dans cette logique qu'un groupe d'entreprises organise actuellement un hackathon dédié, destiné à concrétiser des applications utiles.
En pratique, l'objectif de la compétition consistera, pour les établissements de paiement, les banques, les développeurs individuels, les entreprises technologiques…, à imaginer comment mettre en œuvre ces futures API de VRP dans des scénarios concrets au bénéfice de l'industrie financière, des professionnels et des consommateurs, en préparation aux premiers déploiements de la spécification prévus dès cet automne par quelques acteurs, avant une généralisation envisagée dans le courant de 2022.
Afin à la fois d'inspirer la créativité et d'embrasser une perspective étendue du sujet, les participants sont invités à exercer leur talent sur six catégories différentes, chacune étant récompensée indépendamment des autres : les règlements d'entreprises (y compris les impôts et taxes, naturellement périodiques), le commerce de détail (par exemple sur le paiement fractionné), les abonnements, les mouvements entre comptes distincts d'une même entité (société ou personne, pour les remboursements de prêts, les versements d'épargne…), les échanges entre pairs et les autres cas (dont l'internet des objets).
Dans quelques années, le principe d'ouverture sera devenu une évidence, rendant possible des expériences plus fluides et plus transparentes en même temps que le développement d'une gamme de produits et services inédits, dans les secteurs les plus divers. En attendant, et en considérant que la contrainte réglementaire ne suffira pas, il faut encore et toujours convaincre les institutions financières de l'intérêt, pour leurs clients et pour elles-mêmes, de s'engager dans cette direction. Rien de tel, pour ce faire, que de multiplier les opportunités d'expérimentation et de bouillonnement des idées…