" Ether " renvoie au ciel, au jour et à la nuit, à la terre et à la mer, à des notions aériennes liées à la fluidité d'un espace indistinct. Ce sentiment d'évanescence insaisissable, se retrouve de la même façon dans les peintures atmosphériques de Johanna Perret, que dans les mondes suspendus des photographies de Dorian Feraud. Ces deux artistes mènent séparément une recherche plastique et conceptuelle animée par l'exploration de l'invisible, du flou et de la lumière, de la brume et de la matière. Là où le temps s'épaissit, là où la lumière faiblit, là où meurt la nuit.
Johanna Perret
Diplômé de l'École Supérieure d'Arts de l'Agglomération d'Annecy en Arts et Expression Plastique, Johanna Perret vit et travaille entre Cluses et Paris.
Il est question avec Johanna Perret de lumière, de couleurs et de matières ; de regard, d'apparition et de disparition allant jusqu'à l'abstraction. Johanna Perret à ne pas en douter est peintre !
Et à l'instar des peintres paysagistes, elle nous embarque dans la contemplation du paysage, avec une préoccupation très contemporaine, puisqu'aujourd'hui il porte les stigmates de l'activité humaine aux conséquences écologiques difficilement contestables. Les peintures de Johanna Perret révèlent des paysages et éléments urbains tel des fantômes, cachés par la pollution omniprésente dans la Vallée de l'Arve, berceau de son enfance. Elle pose son regard sur l'industrialisation, et surtout le décolletage, milieu qui a fait vivre sa famille sur deux générations.
(...) " Le travail de cette jeune artiste prend en charge tout à la fois un héritage historique, un savoir-faire affirmé et un ancrage contemporain par le biais du détournement. L'essentiel réside peut-être dans le choix d'un temps d'exécution long à une époque de vitesse, de zapping et d'hyperactivité. Par ce mode de fonctionnement, elle installe une pratique de la peinture de nature méditative qui contraste avec sa propre nature vive et passionnée. En peignant elle se met dans un état cotonneux d'hypersensibilité qui la place hors du temps, dans un bain coloré dont elle module à l'envi les nuances et qui gagne et enveloppe le spectateur dans ce qu'elle appelle des " états d'être ". Mais la séduction qui se dégage de ses œuvres n'est pas exempte de danger. L'ironie réside dans le jeu de faux semblants qui court-circuite l'impression insouciante d'un style fleuri pour reproduire l'horreur et fait naître des gaz polluants un sentiment de transcendance. " (...)
Claire Viallat, Novembre 2018
Dorian Feraud
Dorian Feraud vit et travaille dans le Vercors. Il se forme à la photographie à l'École de Condé à Lyon.
Sa démarche artistique s'inscrit dans une recherche sur le potentiel esthétique et émotionnel du médium photographique. D'essence romantique, son travail se concentre sur la matière. Le manque de détail, le flou, la brume et le grain qui sont des facteurs lui permettent de créer un mystère dans ses images.
L'auteur photographe utilise principalement un appareil argentique, avec lequel il erre dans la ville ou dans les montagnes, à la recherche d'une poésie visuelle qu'il obtient grâce à un conséquent travail de retouche, artisanal comme numérique.
Il envisage la photographie comme un miroir de ses états d'âme et non comme un langage objectif venant documenter le réel. Il s'agit d'une démarche personnelle, mais aussi ancrée dans une réalité émotionnelle collective, l'objectif étant de révéler les états d'âme des spectateurs à travers l'exposition de ceux de l'artiste.
" J'ai commencé la photographie à l'âge de 15 ans (...). À la base, la photographie était pour moi un moyen d'exprimer mes émotions, je faisais beaucoup de photographies mélancoliques, le romantisme allemand m'inspirait beaucoup dans la composition de mes photos. Puis au fil du temps ce besoin a changé. Aujourd'hui, mon travail est essentiellement basé autour de la réflexion photographique, sur la matière, sur la représentation de ce médium dans la société d'aujourd'hui. Je ne pense pas être photographe, je suis plutôt un artiste qui utilise principalement le médium photographique, même s'il m'arrive de créer avec autre chose que la photographie. "