Le songe du corbeau, une BD sur... On peut se poser la question
Titre : Le songe du corbeau
Auteur : Atellier Sento (scénario), Alberto M.C. (dessins)
Editeur : Delcourt
Collection : Hors Collection
Année : 2021
Page : 80
Résumé d'un récit sur plusieurs niveaux:
Koji va partir au travail, quand sa femme lui tend une enveloppe sans expéditeur ni timbre, seul son nom est inscrit. Elle s'inquiète, il la rassure, prend l'enveloppe et s'en va. Koji l'ouvre sur le chemin, elle contient un corbeau en papier plié de couleur noir. Tout de suite, les souvenirs d'enfance affluent et Koji se rappelle sa mystérieuse rencontre avec Shin...
Scénario d'une histoire inclassable:
L'histoire de Koji alterne entre l'enfance, l'âge adulte et... l'imaginaire. Le mystère qui se développe au fur et à mesure du récit est prenant. On se laisse entraîner avec délice dans cette intrigue. D'abord l'enfance, dans ce monde étrange où chaque gamin a son animal-compagnon à ses côtés, puis l'âge adulte, dans le Japon moderne d'aujourd'hui, et l'imaginaire, qui s'infiltre dans les deux mondes. On se perd et pourtant, on continue à lire. Pour tout dire, je pense avoir compris une partie de l'histoire mais clairement, je ne me risquerai pas à l'expliquer, car un autre versant du récit m'est resté obscur. Et pourtant, j'ai pris énormément de plaisir à lire cette BD.
Je ne peux vous en dévoiler les enjeux, car ceux-ci restent dissimulés et l'on avance sans trop savoir où l'on va. De la même manière, je ne peux évoquer les questions qui viennent au fur et à mesure de la lecture, ce serait trop en dire sur l'histoire.
Mais ce que je peux ajouter, c'est que ces trois univers mélangés créent une ambiance curieuse, parfois oppressante, parfois extrêmement tendre, parfois intrigante, qui m'ont gardé tout du long dans la narration. L'atelier Sento, nom derrière lequel se cachent les deux auteurs, ont su nous emmener à leur suite sur les traces de Koji dans le labyrinthe qu'est devenue sa vie.
Le dessin rond, doux et simplement beau:
M.C. Alberto offre un dessin très réussi à cette BD. Des personnages ronds, un trait fin, doux, tremblant, pour les contours. Des décors réalistes dessinés à l'aquarelle. Les contours, de même que la densité des couleurs, s'effacent au fur et à mesure que la distance augmente. Aucun aplat, tout est en couches, surcouches et retouches de couleur. A l'inverse des personnages, les cases n'ont aucun trait de contour. Mais leurs limites demeurent tremblantes. Si les décors sont réalistes, les couleurs se révèlent souvent plus éloignées, par exemple dans les jeux des palettes sur les peaux.
Le plaisir de se plonger dans la vie de Koji est sans aucun doute lié également à ce graphisme magnifique.
Tous ces traits tremblants, ces couleurs douces, pâles, nous rappellent l'enfance, au cœur de l'histoire, et renforce l'incertitude qui plane tout au long de cette BD.
Cette douceur du dessin parvient à atténuer même les moments les plus durs, les plus forts du récit. L'émotion nous prend, mais avec une empathie, une douceur qui s'insère. Ces sentiments très particuliers sont une des richesses que procure cette BD.
Conclusion d'une BD sur un songe peu évident à décrypter:
Où est le vrai, où est l'imaginaire ? Le but n'est pas forcément de savoir, mais simplement de se laisser porter par cette histoire mystérieuse et d'y trouver sa propre interprétation, avec ses zones d'ombre et de lumière.
Zéda croise Koji.
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