L’histoire de cette table mythique proche des Halles commence en 1932. L’année de naissance du grand chef Jacques Pic (le père d’Anne-Sophie) et du petit président Jacques Chirac… c’est vous dire que tout cela ne nous rajeunit pas.
Le restaurant était splendide dans les tons, les couleurs et les matières de ce temps. Il en a gardé encore aujourd’hui l’essentiel et c’est tant mieux. Murs laqués, grands miroirs illustrés des vignobles de Bourgogne, Beaujolais, etc., laitons de tradition, tables nappées, le bar à gauche en entrant et là, discrètement coincée entre le zinc et le mur, une petite table où venait régulièrement le grand André Malraux, alors Ministre de la Culture, pour déguster un pigeon ou un coq au vin. Les bonnes habitudes se perdent.
Depuis, le restaurant a changé plusieurs fois de mains avec plus ou moins de bonheur. Par contre, la carte demeure fidèle à l’esprit d’origine, travaillant les classiques de la cuisine bourguignonne, agrémentées de quelques spécialités bien françaises plus ou moins bien réussies.
Incontournable Œufs en meurette, bien dans la tradition, bien que les œufs furent pochés à part alors que traditionnellement, ils sont cuits dans la sauce. Un plat goûteux et tout à fait acceptable.
Le Chateaubriand est une belle pièce bien saisie comme demandé, ferme mais savoureuse, accompagnée d’une béarnaise classique et de frites fines et réussies.
Le Cœur d’artichaut mimosa est amusant, frais, agréable, et le mariage de l’artichaut et de l’œuf broyé marche bien. Une entrée recommandable.
Les girolles aiment l’été et la chaleur, surtout après un bon orage. Les voilà dans l’assiette accompagnant généreusement un onglet de bonne facture.
Sur la carte des desserts, on peut éviter l’Omelette Norvégienne qui n’en est pas une ou alors une lointaine cousine.
Bonne sélection de vins au verre facturés gentiment. Service actuel, fausse décontraction teintée de je m’en foutisme, mais toujours avec le sourire.
Une adresse qui se maintient, avec courage et abnégation, et qui défend une cuisine traditionnelle contre les assauts des chaines et autres cuisines exotiques de la rue Montorgueil, sans parler des comptoirs actuels où manger veut dire avant tout se soigner. Un tel combat mérite le respect.
3, rue Bachaumont
75002 Paris
Tél : 01 42 33 48 24
www.auxcrusdebourgogne.com
M° : Sentier
Ouvert tous les jours
Carte : 31,50 (minimum) – 65 € (maximum)