Dans quel domaine êtes-vous faibles, influençables ? Dans quel domaine l’existence a-t-elle plein pouvoir sur vous ? Dans le domaine affectif, sexuel, social, monétaire ou autre ? C’est cela qui doit être vu d’abord. Et se dire ensuite : je ne rêverais pas de sagesse tant que je n’aurais pas conquis mon autonomie, tant que je ne me raconterais pas d’histoires dans ce domaine-là. Car on ne peut espérer se libérer en gardant une grande vulnérabilité, une faille à l’intérieur de soi.
Cela est difficile, car dans ce secteur-là, la peur et le désir demeurent tout-puissants. On ne peut croire être libre en gardant en soi une grande dépendance à l’égard de quoi que ce soit. Dépendance qui se trouve d’ailleurs presque toujours interprétée en termes d’infantilisme. Un adulte, avec un sexe d’adulte et un cerveau d’adulte, se conduit, dans le domaine de sa faiblesse propre, comme un enfant. Donc il faut, en chacun, mettre cela à jour, afin de le combattre. Car cette vulnérabilité imprègne non seulement l’existence mais toute la vie spirituelle. Et l’on voit très facilement les motifs cachés tout-puissants qui peuvent imbiber une quête spirituelle et la rendent fausse. Il faut donc découvrir le mensonge qu’on se fait à soi-même. C’est le b.a ba du chemin vers la vérité. Et lorsque l’illusion dans laquelle on vit est détruite, ce moment qui pourrait paraître cruel, difficile, et l’est à bien des égards, débouche sur une parfaite paix. Car l’on se réconcilie alors avec soi-même, on crée l’harmonie en soi et on est, alors seulement, capable de s’ouvrir vraiment à une nouvelle réalité et découvrir sa liberté à l’intérieur de sa fatalité personnelle.
Ceci est la première purification. Essentielle.
(L’orient Intérieur. Collectif. Autrement 1985)
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