Régressions sociales et retour en arrière

Voilà c'est fait. La mort des 35 heures est arrivée. Mais au delà de ça, c'est le concept de protection des travailleurs qui vole en éclat.

Dans ce contexte nous aurions pu attendre une réaction des syndicats et partis des gauches. Mais leurs divisions et querelles de clochés laissent la porte ouverte à la contre révolution conservatrice. Et le coup final sur le monde du travail vient de tomber.

Cela commence par les heures supplémentaires. Rappel du dispositif :

• Des cotisations sociales et un impôt sur le revenu réduits: la loi votée le 21 août prévoit que les heures supplémentaires ne seront plus soumises à l'impôt sur le revenu pour les salariés du public et du privé. En revanche, seuls ceux du privé bénéficieront d’exonérations de cotisations sociales.
  Les employeurs, eux, auront droit à une réduction forfaitaire de cotisations sociales fixée à 1,50 euro par heure supplémentaire dans les établissements de 1 à 19 salariés, et à 0,50 euro pour les autres.

Source : 20 minutes

Cela paraît bien mais c'était le premier pas. Quand je dis que cela paraît bien, c'est du point de vue de la droite dure. Et oui après avoir laissé les salaires ne pas augmenter, elle propose ce dispositif aux salariés qui n'ont plus de quoi vivre pour certains ! Comment pourraient ils refuser ? Et de toute façon c'est bien le patron qui va fixer les heures ! Mais c'est le premier pas surtout avant le coup de grâce qui vient de tomber.

Le texte de loi voté dans le cadre de la loi de modernisation de l'économie enfonce un clou : celui de la croix où va mourir le code du travail. Subtilement, la campagne de communication a fait porter le poids de cette loi sur les cadres. Mais elle va bien au delà de ça !

Le volet qui parle des salariés autonomes est énorme. Aujourd'hui effectivement, seuls les cadres sont autonomes. Mais le texte adopté est tellement flou que demain n'importe quel salarié pourra être considéré comme autonome ! C'est la plus grande attaque sur le statut protéger du salarié depuis 1936. Et donc la loi va permettre de travailler 235 jours par ans pour ces personnes, voir 282 si un accord d'entreprise le stipule ! Comment accepter cela ? Comment revenir sur autant d'acquis d'un coup sans que personne ne bouge ? On parle juste d'abandonner les congés payés ....

Mais pour les autres, ne vous inquiétez pas tout est prévu ! La loi découple l'entreprise du code du travail. Et oui vous avez bien lu.

Car le texte maintient la durée légale du travail à 35 heures, tout en modifiant en profondeur les règles qui régissent l'organisation du temps de travail. Premier changement de taille : négocier un accord sur le temps de travail pourra se faire directement au sein des entreprises. Autre bouleversement : exit la limitation des heures supplémentaires, les salariés pourront travailler jusqu'à 48 heures par semaine. Au-delà des 35 heures, ils seront rémunérés 25 % de plus. Source : Le Parisien

Imaginez cela dans les PME ou dans les entreprises sans syndicats ! Les sous traitants vont être pressurés de plus en plus, les salariés tués à la tache ! Et ce avec la bénédiction de l'état ! Sacrifiés sur l'autel de la sainte économie.

Et tout est prévu pour que les salariés acceptent. On parle de ne plus indexer le SMIC sur l'inflation. Si c'est le cas on va vers une paupérisation globale des salariés. Et que va t il se passer ? Et bien on vous « offrira » l'opportunité de compenser par des heures supplémentaires ! Quel beau « cadeau « !

De plus, l'obligation légale du temps de travail ayant sauté, cela signifie tout simplement que l'entreprise redevient entièrement maitre comme avant 1945 ! C'est un retour en arrière terrible pour les salariés, un retour à l'être de l'industrie naissante !

Et maintenant ? Qu'attendons nous ? Je ne sais pas mais ce qui est certain à mes yeux c'est que ce n'est pas une gauche productiviste et protectrice du marché qui va nous sortir de là....