Reminiscence se voit précédé d'un flop plutôt retentissant au box-office américain. Pourtant porté par le couple Lisa Joy et Jonathan Nolan déjà derrière l'acclamée Westworld et des films d'un certain Christopher Nolan, le premier film de la réalisatrice peine pourtant à convaincre.
Reminiscence semble perpétuer le mauvais sort connu par un certain Wally Pfister, directeur de la photographie attitré de Christopher Nolan pendant plus de 12 années. Remontons dans le temps (comme dans le film de Lisa Joy), sept années auparavant pour revenir sur un certain Transcendance, le début de la fin du succès au box-office pour un certain Johnny Depp et l'aveu de faiblesse au cinéma d'un technicien aguerri dont le travail fut reconnu, comme celui de Jonathan Nolan, sur les films de son frère. Le parallèle avec Reminiscence se fait plus qu'évident : ces deux films se sont tous les deux vendus pour le travail de leur équipe sur les films du réalisateur, ces deux longs-métrages dotés de budgets confortables (près de 100 millions de dollars), d'un concept de SF original, de grosses têtes d'affiches et se sont également tous deux méchamment plantés au box-office.
Sous l'eau
Reminiscence se teinte de film noir, et convoque au travers de ses affiches et de son personnage d'enquêteur quelque chose de Blade Runner. Dans un futur proche, l'eau remplace cependant les néons qui a envahi les rues de Miami. Et comme Jonathan Nolan est au scénario, il sera une fois de plus question d'un concept temporel, à savoir la fameuse réminiscence, permettant de fuir un avenir incertain en revivant ses souvenirs les plus heureux. Et bien plus qu'une énième resucée, le film de Lisa Joy se pare d'un concept original et d'une complète modestie qui freinera hélas complètement l'ambition de cette belle promesse de science-fiction.
Parce que dans Reminiscence, les âmes des personnages semblent toutes noyées dans une certaine mélancolie leur conférant également une certaine léthargie, cette dernière devenant malheureusement inhérente à tout le long-métrage. Hugh Jackman, ancien soldat à la jambe boiteuse sera accompagné de Thandie Newton, ancienne comparse d'armée souffrant également d'alcoolisme. Lorsque la superbe Rebecca Ferguson apparaîtra, l'actrice n'arrivera hélas pas à offrir un tant soit peu d'émotion à un récit dénué de la moindre saveur. Tout se déroule dans Reminiscence sur le ton d'une affreuse gueule de bois où les rues inondées auront raison de la moindre étincelle. Heureusement, le fond l'emporte (de peu) sur la forme.
Lutte des classes (de mer)
Parce que les intentions de Reminiscence s'avèrent plus que louables et mêmes empreintes d'une certaine sincérité. Le scénario de Lisa Joy rappelle ainsi le récent (et très réussi) Brooklyn Affairs de et avec Edward Norton, à savoir un hommage aux films noirs sur fond de lutte des classes. Le film porte ainsi un véritable amour à ses personnages et n'aura de cesse de leur offrir jusque dans ses dernières minutes la meilleure des conclusions. Malheureusement, jamais ces belles idées ne dépassent d'interchangeables stéréotypes et ce, malgré le talent de ses interprètes. De l'enquêteur broyé à l'énième femme fatale, rien n'est proposé aux acteurs pour mener ce beau récit vers le haut, se contentant ainsi de reprendre les codes du film noir sans jamais les dépasser.
Si l'idée était belle, et s'avère loin d'offrir un ratage proche de Transcendance évoqué plus haut, Reminiscence se noie ainsi rapidement sous le poids de ses références sans jamais arriver à s'en emparer pour faire vivre son beau concept. Une belle idée n'est hélas pas une promesse suffisante pour offrir un film réussi. Espérons cependant que le public saura voir dans le premier long-métrage de Lisa Joy toutes ses qualités, s'il fait au moins l'effort de se déplacer pour le voir en salles.