Pendant que la FinTech ne jure plus (quasiment) que par les paiements fractionnés (BNPL), Revolut choisit une autre voie, moins fréquentée quoique régulièrement empruntée, pour compléter son catalogue : l'avance de salaire. Elle y voit peut-être un moyen de combiner le bien-être financier des employés avec ses objectifs de développement.
Le principe de la nouvelle offre est résolument classique et ne se distingue en rien de la concurrence. En préalable, les entreprises intéressées ouvrent à la néo-banque un accès à leur système de paye (les principales plates-formes du marché sont supportées). Dès lors, chaque collaborateur suit au jour le jour, sur un tableau de bord dédié, le montant des rémunérations qui lui sont dues à date et peut solliciter le versement anticipé d'une partie (jusqu'à la moitié) de celles-ci moyennant une commission minime.
Bien entendu, la promesse de Revolut Payday est connue : pour les bénéficiaires des avances, il s'agit d'un moyen de faire face à des urgences et autres événements imprévisibles (une réparation impérative, des frais médicaux à débourser…), en évitant les coûts prohibitifs des méthodes existantes (prêt sur salaire, carte de crédit…) et les risques de surendettement… quoique ces derniers mériteraient, comme toujours, une attention plus spécifique, ne serait-ce qu'afin de prévenir les abus toujours possibles.
Du point de vue de l'employeur, un tel service représente à la fois un avantage supplémentaire concret, susceptible d'attirer et de fidéliser les collaborateurs, et un facteur d'amélioration de leur sérénité, ce qui contribue directement à leur satisfaction et leur efficacité (de nombreuses études le confirment). En outre, la mise en œuvre n'a aucun impact sur son fonctionnement, notamment sur ses processus de traitement des salaires, puisque Revolut prend en charge l'ensemble des opérations financières.
L'initiative, déployée pour l'instant au Royaume-Uni avant une extension au reste de l'Europe, est certes remarquable par son affirmation de la préoccupation de la startup vis-à-vis du bien-être des individus dans un produit assimilable à un crédit à court terme. Mais c'est surtout sa démarche marketing, aussi brillante qu'inédite, qui mérite une mention spéciale. Car, en s'appuyant sur sa double présence auprès des entreprises et du grand public, elle peut espérer créer un phénomène de halo propice à son expansion.
En effet, d'un côté elle encourage ses clients particuliers à promouvoir Revolut Payday auprès de leur employeur, constituant de la sorte un canal de communication organique et gratuit, tandis que, de l'autre, les personnes qui se voient proposer l'accès aux avances de salaire vont pour ce faire utiliser l'application de la néo-banque, où elles seront incitées plus ou moins explicitement à ouvrir un compte et profiter de toutes ses capacités. Les conditions sont réunies pour faire émerger une campagne virale au long cours.
Voilà un excellent argument pour l'introduction de ce genre de solution dans une banque et il est probable que les acteurs exclusivement focalisés sur ce marché, surtout ceux qui ciblent les entreprises, en perçoivent rapidement les conséquences. À l'inverse, les institutions financières désireuses d'explorer de nouvelles sources de croissance (et elles sont légion !) pourraient s'inspirer de cet exemple, plutôt que de se ruer, comme le font certaines, sur le modèle du BNPL, qui commence à susciter des critiques sérieuses.