Merci aux éditions « Les Escales » pour l’envoi de cet ouvrage que j’ai dévoré pendant ma dernière semaine de vacances.
Le livre : « Nous vivions dans un pays d’été » (ici)
Crédit photo : L&T
L’autrice : Lydia Millet est une romancière canadienne. Son troisième roman, « My Happy Life », a remporté, en 2003, l’USA PEN Award dans la catégorie « Fiction ». Avec son roman « Love in Infant Monkeys », elle était l’une des trois finalistes du Prix Pulitzer 2010. « Nous vivions dans un pays d’été » est l’un des livres finalistes du National Book Award. Il s’agit, selon le New York Times, de l’un des dix meilleurs livres de l’année.
Le résumé : « Une grande maison de vacances au bord d’un lac. Cet été-là, cette maison est le domaine de douze adolescents à la maturité étonnante et de leurs parents qui passent leurs journées dans une torpeur où se mêlent alcool, drogue et sexe. Lorsqu’une tempête s’abat sur la région et que le pays plonge dans le chaos, les enfants – dont Eve, la narratrice – décident de prendre les choses en main. Ils quittent la maison, emmenant les plus jeunes et laissant derrière eux ces parents apathiques qu’ils méprisent et dont l’inaction les exaspère autant qu’elle les effraie ».
Mon avis : J’ai notamment craqué sur cette belle couverture qui évoque l’insouciance des vacances et le doux temps de l’enfance.
Si ce sentiment de liberté et d’innocence se retrouve bien à la lecture des premiers chapitres, il laisse bien vite la place à un tout autre registre. J’en ai été d’autant plus surprise que je n’avais pas relu la 4ème de couverture avant de me plonger dans sa lecture, je ne me souvenais donc plus de la tournure de cette histoire qui dépeint un avenir si proche et effrayant, celui du changement climatique, de cette nature qui se révolte contre nos excès, notre passivité, notre climato-septicisme.
Orages, cyclones, pannes d’électricité, puis propagation de maladies tropicales dans des pays à climat tempéré… Ces catastrophes écologiques résonnent avec d’autant plus d’échos cette année, alors que nous avons connu, en quelques mois, des inondations meurtrières, des dômes de chaleur, des giga-feux, un séisme de magnitude 7.
Rien qui ne puisse relever de la dystopie ou de la science-fiction donc…
Ces événements nous sont racontés par Eve, une adolescente dont on ne sait pas grand chose. Elle doit avoir entre 15 et 17 ans et est en vacances avec ses parents et son petit-frère dans une grande maison communautaire dans laquelle ses parents ont rejoint un large groupe d’amis quelque peu perdus de vue et leurs enfants.
Deux clans se sont quasi immédiatement formés. D’un côté, les enfants et, de l’autre, leurs parents. Les premiers méprisent avec velléités les seconds et veulent à tout pris s’en dissocier. Après un éloignement physique (dortoirs interdits aux parents, campements sur la plage), c’est également un éloignement émotionnel et psychologique qui se met en place. Les enfants inventent, en effet, un jeu dont l’unique règle consiste à cacher son ascendance aux autres jeunes. C’est donc à une dissociation totale qu’aspirent ces jeunes. On pense d’abord à une rébellion adolescente contre des parents « ringards » qui ne comprendraient pas grand chose aux aspirations de leurs ados. Il y a un peu de ça, mais c’est plus profond. Il y a également un rejet de la déliquescence des corps et des âmes, de ces adultes qui ont perdu leurs rêves d’enfants et qui ne se battent pour rien, y compris et surtout, pas pour l’avenir de leurs propres enfants, menacé par cette terre qui se réchauffe inéluctablement.
Pourtant, ces parents ne sont pas issus de n’importe quel milieu. Il s’agit même du « haut du panier » : universitaires, réalisateurs, artistes, médecins. D’anciens soixante-huitards devenus « bobos ». Ils préfèrent toutefois se noyer dans les plaisirs de la chair pour oublier (ces moments « rire et discussions » qui sont en réalité d’interminables apéros très alcoolisés). Plaisirs qui sont à leur paroxysme quand les premières catastrophes climatiques se manifestent.
C’est à ce moment que les enfants décident de s’émanciper totalement des figures parentales et de se débrouiller seuls pour survivre. Quelques adultes se présenteront sur leur chemin pour les aider et j’ai perçu ces derniers comme des figures quasi allégoriques.
« Nous vivions dans un pays d’été » distille également quelques interrogations intéressantes sur la foi (religieuse, dans la nature ou tout simplement en l’Humain).
Cette histoire est parfois perturbante, certains éléments de l’intrigue ne trouvent pas d’explications logiques, mais je ne m’y suis pas trop attardée, plus intéressée par cette réflexion autour de la menace climatique et de la perte de ses aspirations au rythme des aiguilles sur l’horloge de la vie.
C’est le premier livre que je lis de Lydia Millet et j’ai aimé sa plume et sa façon de raconter la nature et les préoccupations infantiles et adolescentes (parfois bien plus profondes et altruistes que celles des adultes).
En bref : Une belle découverte avec ce roman qui m’a parfois fait penser à « Sa majesté des mouches » ou « Les enfants de Timpelbach ». Je vous conseille de vous plonger dans cette lecture durant ces derniers jours de vacances…
« Nous vivions dans un pays d’été » vous tente ? Quelles ont été vos lectures de vacances ?