Mambo de Claire Braud : court petit léopard, l'amour est derrière toi !

Par Hectorvadair @hectorvadair

Une grande couverture toute jaune, d'un jaune d’œuf bien mûr, où court une belle femme déguisée en peau de léopard,
et un titre au graphisme art déco du plus bel effet. A l'intérieur, des dessins sans cases, sans limites, au trait fin, appelant la liberté à grand cri.
Faut-il raconter "Mambo" ? Non, je ne crois pas. Rentrez librement, et laissez-vous embarquer dans ce Road Movie à la française, bourré de poésie et de folie.
Il y a du Blutch dans ce que dessine Claire Braud, surtout dans les mouvements, tout en théâtralité et décomplexion, mais la comparaison s'arrête là, quoi que l'on trouvera aussi dans ce récit tout à fait rocambolesque et jubilatoire de la folie
de l'auteur de Sunymoon, Blotch, Total jaz, ou encore Peplum. Et pour en finir avec les comparaisons qui finissent toujours par ennuyer, ne faudra t-il pas évoquer à propos du trait fin de l'autrice, celui des exquises esquisses de Rupert et Mulo, ou bien d'un Joan Sfar inspiré ?
Cette appartenance à une "école" du trait libre étant posée, louons le travail de grande maitrise de Claire Braud, où la dextérité d'un dessin pouvant dire ce qu'il veut, se met au service d'une improvisation scénaristique la plus débridée. Comme si l'autrice avançait en posant sur le papier tout ce qui lui passe par la tête, sans aucune censure, sinon à garder un fil conducteur.
Il y a fort à parier que ce Mambo a été conçu dans cet état d'esprit : libre, sauvage, mais aussi amoureux. Très amoureux. Car il y a du sexe au sein de ces pages, mais pas celui que l'on pense. Il y a de l'amour surtout, mais pas celui que l'on imagine... Les corps se dévoilent, mais les esprits se cherchent, jusqu'à la fin, évoquant dans leurs hésitations de bien terre à terre raisons :  rdv chez le dentiste, organisation d'un opéra foutraque, sur le compte de la société où l'on embauche, ou velage en urgence à la ferme. Et puis, à la fin : un accident de trente-cinq tonnes transportant des cadeaux.
Une danse entre deux hommes conclue ce très agréable divertissement, que l'on verrait bien filmé par Fellini, et pourquoi pas mis en musique  par Serge Gainsbourg. Qu'est-ce que ça fait du bien.
 "Mambo miam miam !"
FG 

Mambo, de Claire Braud
Édition l'Association, collection Eperluette. 2011.