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Barack Obama doit composer avec des familles électorales très hétérogènes
Publié le 30 juillet 2008 par Exprimeo
Difficile d'imaginer autant de différences entre un électeur républicain et un électeur démocrate. La victoire appartiendra à celui capable de piocher dans l'autre électorat sans s'aliéner une partie du sien.
Chacun s'accorde à reconnaître que l'opinion publique Française est de plus en plus segmentée.
L'impact géographique est de plus en plus fort. Le Sud a une sociologie et un comportement électoral différents du Nord.
Face à cette réalité, que dire d'un Etat fédéral considérablement plus grand, diversifié, exposé à des cultures diverses.
L'Amérique décide selon des schémas qui ont fait l'objet d'études très précises.
Il existe un clivage réel entre les Républicains et les Démocrates.
Les Républicains attendent un leader fort. Leur principal critère est l'examen de la force morale de son tempérament. Pour les Démocrates, c'est la capacité de jugement qui compte.
La sécurité nationale est la première priorité pour les Républicains tandis qu'elle est largement devancée par l'économie pour les Démocrates. Pour ces derniers, les questions sociales arrivent même devant la sécurité nationale.
Bien entendu, géographiquement, l'Amérique des rivages est plus ouverte que l'Amérique profonde.
Mais surtout, il résulte que l'électeur Américain ne vote pas quand il ne connaît pas le candidat.
Ces données portaient en elles les scores des primaires dès l'instant que les candidats ne s'attaquaient pas à la modification de certains traits de leur image de marque.
Ainsi, chez les Républicains :
- Giuliani rassurait sur la question de sécurité mais son tempérament apparaissait trop " libéral ",
- Huckabee n'était pas assez connu,
- Mitt Romney, en dépit d'efforts considérables, en janvier 2008, n'était toujours pas connu par 40 % des Américains,
Seul McCain réunissait les trois données majeures chez les Républicains : être connu, être doté d'un tempérament fort, rassurer en matière de sécurité. Il a tenu face à tous les vents contraires et attendu l'élimination des autres concurrents.
Chez les Démocrates, en janvier 2008 :
- John Edwards était connu mais son profil restait un mystère,
- Hillary Clinton était connue, perçue comme compétente mais 50 % des Démocrates doutaient de sa sincérité. Hillary Clinton est progressivement devenue une caricature de la politicienne froide et calculatrice,
- Barack Obama était jugé comme commettant des erreurs sur le terrorisme mais parvenait à installer une communication émotionnelle accélérant sa notoriété et sa bonne image de marque.
La campagne est d'abord une chorégraphie électorale calibrée pour devenir un feuilleton quotidien avec ses rebondissements et ses temps forts. Dans la dernière ligne droite, il s'agit d'identifier l'enjeu du vote et d'être la "bonne réponse à cet enjeu". Depuis 2001, les Américains élisent d'abord un "commandant en chef" qui assure leur sécurité. C'est cet enjeu qui a emporté la candidature de Kerry en 2004 alors même qu'il est allé jusqu'à compter près de 15 points d'avance dans l'immédiate foulée de la Convention de Boston. En 2000, la mode était aux "nouveaux démocrates" : gouverner comme les Républicains mais avec une émotion compatissante en plus.
Si le climat 2008 reste le même que celui de 2004, John McCain peut terminer sur un finish prometteur face à Barack Obama bénéficiant d'un crédit de considération mais pas assez de confiance pour de multiples facteurs qui troublent encore ...