L'activité des entreprises de toutes tailles et de tous secteurs dépend de plus en plus de leur informatique, dont une part croissante est hébergée dans le « nuage ». Afin de protéger leurs revenus en cas de défaillance, de nouveaux produits d'assurance émergent, qui profitent eux-mêmes des technologies pour renforcer leur efficacité.
Nous découvrions il y a quelques mois les efforts de Google en la matière, focalisés sur ses propres offres infonuagiques et réservés initialement à ses clients les plus importants. Voici aujourd'hui une solution concoctée conjointement par deux jeunes pousses, Element (européenne, qui porte le risque) et Parametrix (américaine, qui détient l'expertise de surveillance des services en ligne), destinée à toutes les organisations allemandes (dans un premier temps) utilisant le cloud sous une forme ou une autre.
En effet, la couverture proposée est applicable aussi bien aux plates-formes d'infrastructure (Amazon Web Services, Google Cloud, Microsoft Azure…) qu'à une vaste palette d'applications en ligne, parmi les plus populaires, dans les domaines du e-commerce (Shopify, BigCommerce), des paiements (PayPal, Stripe), de la gestion de la relation client (Salesforce, Hubspot) et même des outils réseau (Cloudflare, Fastly), tout autant critiques pour la continuité des opérations dans l'économie moderne.
Avec son approche paramétrique, le produit se veut simple et transparent. Durant le processus de souscription, le client fixe le niveau d'indemnisation qu'il souhaite recevoir par heure d'indisponibilité des services qu'il exploite, pour compenser, par exemple, ses pertes d'exploitation ou les garanties qu'il offre à ses utilisateurs. Une fois le contrat actif, les sondes (totalement non intrusives) de Parametrix détectent les dysfonctionnements, qui déclenchent le versement automatique des dédommagements convenus.
Alors que l'infonuagique constitue désormais une composante vitale dans les systèmes d'information de nombreuses organisations et qu'une assurance adaptée semble appelée à devenir rapidement indispensable, cette initiative est présentée comme une première en Europe. Elle présente en outre l'avantage de reposer sur un socle robuste de suivi des performances du web qui autorise le traitement des sinistres avec une réactivité inégalable et en minimisant les coûts administratifs. Le seul bémol à exprimer concerne son caractère propriétaire, susceptible de prêter le flanc à un soupçon d'opacité.
En synthèse, le marché du cloud représente une immense opportunité pour le secteur de l'assurance, qui se prête particulièrement bien à un modèle paramétrique. Les acteurs traditionnels, qui paraissent un peu à la peine sur les deux volets principaux d'une telle solution – son objet technologique et sa capacité d'automatisation –, laisseront-ils donc les nouveaux entrants s'en emparer sans réagir ? D'une certaine manière, derrière ces grandes tendances incontournables et universelles, c'est leur avenir qui se joue…