Les Particules Alimentaires

Dans la catégorie "j'ai beau en avoir fait une, je ne comprends toujours rien aux filles", voici l'énigme du jour : qu'est-ce que les femmes peuvent bien trouver aux galettes de riz soufflé ? J'avais déjà remarqué que mes collègues féminines semblaient s'en régaler aux pauses café, entre deux biscuits aux 5 céréales. Je pensais qu'on les offrait dans les paquets de serviettes hygiéniques, ou que c'étaient les seuls "gourmandises" qu'elles pouvaient laisser à la cafét' sans crainte de se les faire piquer. Voilà que mon épouse, elle aussi, en a acheté pour sa reprise du boulot. Il faut donc chercher une explication rationnelle à ce phénomène qui pousse l'être humain de sexe féminin à emporter à son travail de la nourriture d'apparence aussi peu appétissante.
Ca doit être encore un gène récessif de la 23° paire de chromosomes, à côté de ceux qui permettent de voir les petits poils dans la baignoire mais pas les longs cheveux dans le lavabo, de ne pas comprendre la règle du hors-jeu ou de différencier les pleurs de faim des pleurs de caprice ("mais, enfin, tu n'entends pas qu'ils n'ont rien à voir?").
Comme matériau isolant, ou dessous de bouteille, ces petits ronds de frigolite (polystyrène expansé, pour les non-belgophones), ont l'air parfait. Mais comme aliment, à moins d'être fan de produits artificiels dont l'insipidité le dispute à la pâleur, il faut avoir la ferme intention de manger du plastique à l'aspect moisi pour oser en croquer. J'ai testé pour vous (les hommes, j'imagine que les nanas connaissent déjà), il n'y a pas tromperie sur la marchandise, la galette a effectivement un goût de plastique. L'intérêt principal de cette espèce de super hostie boursouflée semble être sa capacité à tripler de volume lorsque son absorption est suivie d'une bonne rasade d'eau. Ce qui réduit les envies de banana split. Et permet d'envisager un peu plus sereinement la possibilité de rentrer dans le même bikini que l'été dernier.
Tout bien réfléchi, il semble que l'aspect infâme et le goût fade fassent partie de l'argument de vente. Si ça avait l'air bon, ce ne serait pas efficace pour perdre du poids. La pénitence participe à la démarche de contrition alimentaire, comme lorsque vous achetez des biscuits brunâtres emballés dans du papier kraft ou des pommes bio toutes cabossées. D'ailleurs, ça a l'air d'être le seul argument diététique, avec la légèreté physique de la galette qui, en fait, n'est ni plus ni moins que du pop-corn aggloméré, où on aurait remplacé le maïs par du riz. Ce qui ne doit pas changer grand chose puisque l'étiquette indique fièrement que 82 % de la chose est constituée de glucides. Du pop-corn pour maigrir ? ils sont forts dans les départements marketing...