Taysir Batniji est né à Gaza, en Palestine, en 1966. Il vit à Paris depuis la fin des années 90.
Le titre de l’exposition est emprunté à Georges Perec : « Écrire : essayer méticuleusement de retenir quelque chose, de faire survivre quelque chose : arracher quelques bribes précises au vide qui se creuse, laisser, quelque part, un sillon, une trace, une marque ou quelques signes ». (Espèces d’espaces - éd. Galilée)
C’est ce que fait Taysir Batniji au moyen de photos, de traces (qu’y avait-il sur ce support où ne restent que les traces du scotch qui tenait une image ?), de couleurs, de sons (le bruit des bombes qui rythme le quotidien et l’exposition). Ce que montre l’artiste, ici, c’est aussi l’effacement, ce qui est perdu (les traits creusés dans le papier suivant les photos du mariage de son frère mort peu de temps après dont ne restent alors que ces images quasi invisibles).
Il s’agit, bien sûr, de son propre parcours, de sa vie d’exilé, mais les questions que soulève cette exposition touchent plus globalement l’identité, y compris la mienne. Qu’est-ce que je garde ? Qu’est-ce que je perds ? Quels souvenirs s’effacent ?
La première fois que j’ai vu une oeuvre de Taysir Batniji, c’était à La Terrasse, espace d’art de Nanterre. L’assemblage de pavés évoquait alors « le socle du monde ». J’avais invité des adhérentes du Centre social La Traverse (Nanterre) à voir le geste d’assembler, de créer une oeuvre, comme elles-mêmes le faisaient dans l’atelier de mosaïque. Ici, cette oeuvre est présentée d’une autre manière et fait penser à celles et ceux qui dorment dans la rue, ayant perdu leur domicile. Je ne la perçois plus de la même façon. Les deux se complètent et font partie de ma vie.