Je me suis toujours demandé comment les compagnies à bas coût faisaient pour proposer des tarifs aussi alléchants - Paris-Milan 15 €, Paris-Marseille 10 €, « il est beau mon vol, il est beau… ».
Certes il y a des économies sur l’organisation, les prestations, les salaires, voir le type d’aéroport - pour Paris il s’agit souvent de l’aéroport de Beauvais à 80 km de Paris - mais quand même…
En cette période de vacances plusieurs éléments de réponse viennent dissiper cette brume.
D’abord il s’agit de prix hors taxes ou frais divers : les taxes d’aéroport et de carburant, les frais banquaires ou de bagages ne sont pas compris. Ce manque de transparence peut occasionner de mauvaises surprises.
Le Parlement européen vient d’intervenir à ce sujet :
Afin d’assainir les pratiques des compagnies aériennes, le Parlement européen a adopté le 14 juillet dernier une série de mesures qui vont entrer en vigueur avant la fin de l’année. En ligne de mire : les taxes cachées et pourtant obligatoires, comme sur le carburant, la sécurité ou les frais bancaires, qui devront clairement apparaître dans le prix de vente. Il sera aussi mis fin aux pratiques captieuses, comme les assurances annulation et autres options qui sont précochées lors de la réservation en ligne. […] six compagnies aériennes - Ryanair, Air Berlin, Sky Europe, Brussels Airlines et Air Baltique […] sont accusés “d’induire en erreur les consommateurs sur les procédures de réservation, sur les pratiques tarifaires et les conditions d’utilisation de leurs billets d’avion”. (Le Figaro, 29-07-08)
Afficher les prix hors taxes, surtaxer les bagages sans prévenir, ce n’est pas très fair play mais ce n’est pas le plus grave. Les cours régionales des comptes qui analysent la comptabilité des aéroports viennent de découvrir qu’une compagnie comme RyanAir soutire des subventions très importantes aux petits aéroports :
Dans leur majorité, les sages révèlent de grosses irrégularités et des agissements fort peu conformes avec le droit dans les relations entre les gestionnaires d’aéroports et Ryanair.
Carcassonne, Brest, Beauvais, Dinard, La Rochelle et autres sont sur la sellette. Des aéroports où la compagnie dirigée par Michael O. Leary est le plus souvent omniprésente et où elle peut donc dicter une méthode qui fait largement appel aux deniers publics tout en vantant les mérites du libéralisme.
“L’analyse des clauses du contrat d’assistance et des conditions d’exploitation de la compagnie permet d’appréhender les avantages financiers consentis”, a conclu la CRC d’Aquitaine, rejointe par ses consœurs qui ont essayé de quantifier les aides directes ou indirectes reçues par cette compagnie. Des montants astronomiques qui, ajoutés à une vraie maîtrise des coûts, expliquent les incroyables bénéfices de cette entreprise.
A titre d’exemple, Ryanair a obtenu de la chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Tours 2 177 000 euros d’aides diverses en trois ans. A Carcassonne, on parle de 4 millions d’aide marketing, à quoi s’ajoute une participation au budget de l’aéroport de 3 millions d’euros. A Nîmes, des accords rétroactifs ont été signés pour justifier le versement de 1 004 275 euros, effectué par la collectivité à Ryanair à titre de publicité. (Le Figaro, 23-07-08)
Faire « appel aux deniers publics tout en vantant les mérites du libéralisme », tout est dit !
Je comprends mieux maintenant…