Les éditions de l’Atelier contemporain publient Marabout de Roche de Karine Miermont. Avec leur soin habituel, couverture blanche et noire, une photo en haut, typographie et finitions du livre très soignées, de la belle ouvrage.
Ce livre est l’occasion de multiples découvertes. Il faut au préalable dire de quoi il s’agit sous ce titre étrange et alors que le nom de l’auteure n’est pas encore des plus connus. Karine Miermont a vécu tout près de chez Denis Roche pendant près de vingt ans. Cohabitation toute en discrétion mais en même temps significative dont elle s’efforce de rendre compte dans ce livre, en s’inspirant de la technique du marabout, qui permet de dériver, au fil des mots, sur toutes sortes d’idées.
Première découverte, un lieu très particulier, la Fabrique. Voici ce qu’en écrit Jacques Henric sur le site d’Artpress : « 1980. Aventure de la Fabrique. Une ancienne marbrerie dans le 12e arrondissement de Paris, où nous nous installons, Catherine Millet et moi, avec un groupe d’amis, dont Paule Thévenin, Claire Paulhan, Bernard et Martine Dufour. Denis Roche et Françoise Peyrot sont, avec Catherine et moi, les premiers à occuper les lieux. ». Lieux que rejoignent en 1996 Karine Miermont et son compagnon. Elle va ainsi découvrir petit à petit l’homme Denis Roche et son œuvre, le voir vivre, fréquenter un peu sa famille (cinq fils ! et Françoise, bien sûr). Il y a toute une vie dans ce lieu dont les divers occupants apparaissent ici ou là au fil des pages.
Elle part de quelques thèmes, distincts, les merles, les boîtes composées chaque année par Denis Roche, l’esperluette, pour finalement oser resserrer un peu plus sa focale et parler plus directement de Roche et de sa propre relation avec lui. Qui parfois lui propose de la retrouver sur le banc de la cour centrale pour parler avec elle. De textes qu’elle écrit et qu’elle leur montre, à lui et Françoise. De littérature, de ses lectures : « J’espère que tu ne lis pas que de la littérature » deviendra une sorte de thème récurrent tout au long de ces pages qui, toujours très loin de l’anecdote, même si elles relatent des expériences et faits très concrets, fourmillent d’idées, d’impressions, de souvenirs, et aussi d’analyses subtiles du double art de Denis Roche, la photographie et la littérature. Balade dans le temps, balade dans les lieux, balade dans les livres, qui donne envie de découvrir ceux qu’on ne connaît pas (comme le catalogue de l’exposition Phototalies de Montpellier en 2015, où Roche écrit un « Mille retours » qui sera sans doute son dernier texte).
Il y a une très juste attitude de l’auteur par rapport à Denis Roche, une distance mais aussi une grande émotion dans ce texte. Elle le rend très présent, très proche, mais sans jamais s’arroger quelque prérogative que ce soit et en respectant l’homme, l’œuvre, leur mystère. C’est assez exemplaire.
Florence Trocmé
Karine Miermont, Marabout de Roche, l’Atelier contemporain, 2021, 176 p., 20 €
Un Flotoir qui sera publié dans la seconde partie du mois de septembre reviendra sur de nombreux aspects de ce livre, avec beaucoup de citations.
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