Note : 8,5/10
Meilleurs titres : The Greatest Man That Ever Lived/ Heart Songs/ The Angel and the One
Grâce à Weezer, la couleur musicale de l’été sera donc : le rouge !
Je le dis tout net : je n’espérais plus que Weezer, malgré leur talent, malgré le fait que je les écoute depuis leurs débuts en 94, nous ponde un aussi bon album.
Je m’étais fait à l’idée que le mythique "album bleu" (leur premier), que le non moins mythique Pinkerton (leur second), étaient en quelque sorte indépassables. Non pas que Weezer, par la suite, ait pondu des merdes. Mais enfin, il y avait une tendance à la popification (pardon pour cet énième néologisme) excessive, notamment sur "l’album vert", ou bien aux opus moins aboutis et moins cohérents (la palme à Maladroit).
Et puis voilà : 2008 semble marquer un certain retour au génie. Avec cet "album rouge" (une tradition donc chez Weezer, de ne pas nommer certains de leurs albums mais d’apparaître posant tous les quatre sur un fond de couleur – qui devient, du coup, le titre de l’album), je ne vois pas qui pourrait ne pas succomber au songwriting de Rivers Cuomo, le chanteur, guitariste et principal compositeur du groupe.
Les ingrédients classiques de Weezer sont tout entier présents : chansons qui flirtent toujours entre la surfpop des Beach Boys et le grunge-garage des années 90, chansons pleines de guitares tantôt douces tantôt saturées, chansons rythmées de chœurs rigolos et qui donnent la pêche. Dans cette veine, voir "Troublemaker", "Porks and Beans" ou "Dreamin".
Mais l’album contient aussi son lot d’expérimentations, qui permettent au groupe d’atteindre une autre dimension. Ainsi, les rockers nous en mettent plein la vue et les oreilles sur "The Greatest Man That Ever Lived", un titre ambitieux, épique et délirant tel que Weezer n’avait jamais osé en proposer. Le titre se divise en plusieurs parties, certaines très heavy rock, d’autres beaucoup plus planantes, avec également des intermèdes vocaux à la limite de la polyphonie, bref c’est relativement inénarrable et mieux vaut l’écouter pour comprendre. Autre coup de cœur pour "Heart Songs", une chanson très jolie, dans la lignée des balades un peu sirupeuses mais jamais mièvres que Weezer affectionne particulièrement, mais dont les paroles enrichissent considérablement la portée : en effet, c’est une sorte de clin d’œil à tous les titres qui ont bercé l'univers musical de Rivers Cuomo et qui explique aussi comment Weezer est devenu Weezer.
Toujours au chapitre des balades, on peut regretter que les boums et les slows n’existent plus beaucoup, parce que sinon des pelles nombreuses se seraient roulées sur "The Angel and the One". C’est simple, joli, émouvant (à moins d’être vraiment obtus) : il n’en faut pas plus pour faire de très belles chansons !
Au bout du compte, si on ajoute aussi le fait que Rivers Cuomo laisse un peu plus d’espace à ses musiciens pour s’exprimer, ce "red album" est un cocktail absolument réussi, qui devrait très vite s’imposer comme un très bon cru et qui devrait aussi bercer notre été : à écouter à fond chez soi, dans sa voiture ou dans son ipod, jusqu’à épuisement.
Mention spéciale pour la couverture de l’album, très second degré (enfin, j’espère !) : c’est ça aussi, que je trouve marrant et attachant chez Weezer, ce côté pas très sérieux et limite potache.