Les cérémonies pour accompagner le président d'Act-Agir, allié de Maurice Kamto, à sa dernière demeure commencent ce mardi 24 août à sa résidence à Yaoundé. Déjà, le vice-président du parti a fait une sortie au vitriol.
" Comme vous êtes nombreux à le savoir, les derniers moments de vie de notre président ont été marqués par une cabale extrêmement violente, malsaine et injuste orchestrée par des membres et sympathisants de son allié politique. Cet épisode a profondément meurtri Christian Penda Ekoka(Cpe) qui s'est étonné du silence de cet allier. Prenant acte de cette situation, le mouvement Agir-Act, en parfaite solidarité avec la famille de notre regretté président, prie les auteurs et acteurs de cette cabale abjecte, au nom de la décence, de la dignité et surtout du respect de la mémoire de l'illustre disparu, de s'abstenir de toute participation aux différentes cérémonies organisées à l'occasion de cette grande perte ", écrit Yap Boum II en sa qualité du vice-président du parti de Cpe. Il va plus loin en indiquant que ceci évitera tout dérapage et permettra au parti de consacrer toute son énergie à rendre un hommage à Christian Penda Ekoka dont la vie mérite d'être célébrée en toute sérénité. Sur les réseaux sociaux, la polémique s'est emparée du dossier, l'antagonisme entre le Rdpc et le Mrc, prenant le devant de la scène. C'est du moins l'essentiel des réactions qui suivent la publication d'Act-Agir.
Alors que le communiqué en lui-même n'interdit pas nommément Maurice Kamto d'assister aux obsèques, certains internautes ont vite fait de déclarer qu'il est persona non grata aux obsèques de Cpe. Toujours sur les réseaux sociaux, les militants du Mrc ont lancé un appel à une grande mobilisation à la cérémonie de ce jour à la résidence du défunt suscitant au passage toutes les réactions les plus hostiles. " Je comprends parfaitement le famille de Christian Penda Ekoka dans sa décision d'interdire aux militants du Mrc de s'associer à toutes formes de participation aux obsèques de leur fils. Apprenons à assumer nos actes jusqu'au bout. Les militants du Mrc et leurs sympathisants, plus particulièrement sa milice cybernétique de Facebook devraient désormais l'intégrer...La famille biologique et la famille politique (Agir) de Christian Penda Ekoka ont dit non parce qu'il est bien trop facile de verser des larmes de crocodiles et de coller des " Rip " sans âmes à quelqu'un dont vous vous serez rendus coupables des persécutions les plus infâmes ", lit-on d'un internaute offusqué.
Un déchaînement de désapprobations
La publication d'Acte-Agir suscite un déchaînement de passions aussi émues les unes que les autres. C'est dans les rangs même du parti que la décision semble plus choquer. On a enregistré sur les réseaux sociaux la démission d'un membre de ce parti désabusé par la posture de son parti. " Par ce communiqué de la colère et indigeste à ma lecture, signé du vice-président de Agir-Act, association dont je suis adhérent, non seulement je me désolidarise de la phraséologie du communiqué, mais j'indique par cette sortie de ne plus me compter au nombre des adhérents ", a décliné hier le militant Youssouf Bamen Calixte. Il précise par ailleurs que de son vivant, l'illustre disparu a toujours enseigné ne pas agir sous la colère. "Ni aigreur, ni frustration, mes conventions reposent sur des faits et non sur la colère ", rappelle-t-il à ses camarades de parti dont il se sépare. Un autre internaute s'en ira de manière plus caustique : " Ça a commencé. Voici les membres du mouvement Agir qui se désolidarisent du communiqué de leur soi-disant vice-président qu'on a jamais vu quand Ekoka était en prison ". Arlette Framboise Doumbe Ding pour sa part indique avoir lu un communiqué, fait d'insinuations ubuesques et indignes, relatif aux obsèques de Penda Ekoka. " J'aurai aimé me passer de ce genre de post par respect pour la mémoire de l'illustre disparu. Mais comment se taire devant ce spectacle ridicule des gens qui au lieu de rendre un hommage digne à ce grand homme veulent plutôt faire commerce politique de sa mort à travers une funeste polémique. Cela me semble indigne pour la mémoire d'un homme digne qui avait comme tout le monde ses qualités et ses défauts ", dit-elle avec une pointe d'exaspération. La cérémonie de recueillement de ce soir en dira long sur les appréhensions des uns et des autres.
Déjà, il est clair, que la politique a pris le pas sur les obsèques de Cpe. Pour aller un peu plus loin, interdit-on en Afrique aux gens de venir à un deuil ? C'est précisément les malfaiteurs qui s'abstiennent d'y venir, rongés le plus souvent par leur conscience. Le communiqué du parti de Cpe est en lui seul une rupture de bonnes manières camerounaises en dépit de toutes les péripéties qu'il y a eu entre les deux alliés politiques. Avant son inhumation le 28 août prochain, il est un acquis que la dimension et l'œuvre de l'homme seront masqués par les fumigènes des galipettes politiques.