"Avec de l'eau aux chevilles", dit le gros titre
avec cette image terrible de la côte industrielle du Paraná
presque à sec
En haut, l'annonce du décès du premier porteur de delta
à Córdoba (l'homme avait violé sa quarantaine à son retour de Lima)
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Au moment où un phénomène
zoologique gêne depuis une bonne semaine la vie quotidienne des
habitants de Nordelta, un quartier privé résidentiel situé dans le
delta du Paraná au nord de Buenos Aires, envahi par des carpinchos
(rongeurs endémiques des vallées du Río Paraná et du Río
Uruguay), le quotidien de gauche prend fait et cause pour les zones
humides et la biodiversité qu’elles abritent, en lien avec la
manifestation en faveur d’une loi qui protégerait ces types
géographiques.
Hier, une famille de carpinchos se dégourdit les pattes en ville !
Nordelta a été construite sur
un polder gagné sur une zone lacustre et les carpinchos, qui
ressemblent à des cochons d’Inde géants (ils ont la taille d’un
gros chien), seraient en train de recoloniser leur habitat dénaturé
où ils sont soudain revenus en hardes fournies et organisées. Ils
font beaucoup de dégâts dans les jolis jardins soignés par les
habitants aisés de ce quartier privé, qui est ouvert sur les marais
mais côté terre se trouve barricadé derrière une enceinte gardée
jour et nuit et où il faut montrer ses papiers pour entrer. Les
visiteurs à quatre pattes (et grosses incisives) se promènent aussi
en ville, où ils provoquent des accidents automobiles et mordent les
petits chiens qui leur aboient dessus ou les menacent de leurs
grognements hostiles. Sans doute ces animaux sauvages se sont-ils mis
à la recherche de nourriture sur leur ancien territoire (ils sont
herbivores).
Et indiscrets avec ça !
(Photo Gustavo Iglesias)
Or sur une zone de plusieurs
dizaines d’hectares dans le sud de Buenos Aires, qui fut la
propriété de Boca Juniors qui y disposait de grandes surfaces
d’entraînement, voilà que le gouvernement de la Ville autonome de
Buenos Aires (droite néolibérale) envisage d’autoriser un grand
promoteur à y bâtir deux tours de luxe. La Boca faisant partie de
la zone populaire et même très populaire de Buenos Aires, il s’agit
de la énième opération de gentrification à outrance de la
capitale argentine et d’une menace sérieuse pour la Réserve
écologique, gigantesque polder gagné sur les hauts-fonds du Río de
la Plata pour donner de l’air à la ville. Au fil du temps, la
Réserve est devenue un havre de biodiversité botanique et
zoologique (papillons et autres insectes et surtout beaucoup
d’oiseaux, dont des espèces protégées). Hier, des habitants de
Buenos Aires ont donc organisé une manifestation à bicyclette
contre les futures tours et pour le maintien de cette zone de marais,
ce qu’est naturellement toute la région où Buenos Aires a été
bâtie depuis cinq siècles.
Depuis quelques jours, les internautes s'amusent
de la fureur des habitants de Nordelta
© Denise Anne Clavilier www.barrio-de-tango.blogspot.com
Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12 sur la manifestation dans la Costanera Sur
lire l’article de Clarín sur l’invasion des carpinchos à Nordelta