Vu le succès phénoménal de Spiderman au cinéma, bon nombre d’adaptations de comics ont été lancées par Hollywood. Si la plus part d’entre elles ont donné lieu à des films totalement ratés, la tendance actuelle remonte quelque peu le niveau. Après un premier opus totalement raté car passant à côté du sujet, Hulk 2 arrive-t-il à corriger le tir et à s’inscrire dans cette lignée de films beaucoup plus réussis ? Réponse juste en-dessous.
L’incroyable Hulk – Amour et baston
Depuis de nombreux mois, Bruce Banner est en fuite. N’arrivant pas à canaliser sa colère et le monstre qui est en lui, il fuit sans cesse. D’autant plus que le général Ross est bien décidé à le coincer pour récupérer les fruits de ses recherches militaires. Pour se faire, Ross fait appel à des soldats expérimentés dont Emile Blonsky, une tête brulée prête à tout pour arriver à ses fins, quitte à se faire injecter des sérums aux effets secondaires dangereux… Les choses se compliquent encore quand Bruce arrive à retrouver la trace de son amour de toujours : Betty, la propre fille du général Ross…
Autant le dire d’emblée, ce Hulk n’a strictement rien à voir avec celui d’Ang Lee. On est bien loin des prétentions philosophico-pouet-pouet du premier opus. La première bonne surprise vient de la thématique choisie. Hulk 2, c’est avant tout un film d’amour. Et j’ai beau aimer le travail d’Eric Bana et de Jennifer Conelly dans le premier, Edward Norton et Liv Tyler les atomisent en quelques plans. La grande force du script est de reprendre cette thématique qui était au cœur même de l’intrigue de Hulk : l’amour impossible entre un Banner/Hulk et la fille de l’homme qui le pourchasse sans cesse.
Autre très bonne surprise : depuis peu la firme Marvel produit elle-même ses adaptations de comics. Ils en profitent pour engager de discrets cross-over entre films. On a ainsi le droit à l’apparition de Tony Stark (Iron Man) pendant quelques plans, ou encore à l’utilisation des systèmes informatiques du Shield. Le Marvel-verse est riche et c’est une bonne idée de l’exploiter également ainsi au cinéma.
Troisième réussite, le casting. Edward Norton n’est jamais aussi bon que lorsqu’il joue pauvre type torturé et Liv Tyler arrive à être crédible avec un rôle pourant peu complexe. Mais là où le film fait très fort, c’est dans ses seconds rôles. William Hurt campe en effet un général Thunderbolt Ross qu’on croirait directement sorti de la BD. La complexité du personnage, partagé entre son devoir et sa famille ressort à merveille dans son jeu. Autre surprise : caster Tim Roth pour un rôle du super-soldat Blonsky. Le choix paraît étrange de prime abord. Il se trouve que c’est LA bonne idée du film. Roth est un acteur injustement sous-exploité et il est tout simplement génial dans son rôle.
On pourrait citer pêle-mêle un certains nombre d’autres bonnes idées, comme le fait de dévoiler Hulk très progressivement dans une séquence qui fait penser par sa mise en scène aux Dents de la mer, la transformation plutôt réussies Banner/Hulk, ou encore l’idée géniale du largage hélicoptère de Banner pour le faire se transformer plus vite…
Pourtant, malgré tous ces ingrédients le film arrive juste à être pas mal. Louis Leterrier, responsable des meilleures productions Besson (Danny the dog, Le transporteur…) peine à faire décoller un script qui aurait gagné à être un peu plus profond. Ensuite, en tombant dans le tout numérique pour les passages obligés de baston entre Hulk et Abomination, on perd forcément la charge émotionnelle et l’empathie que l’on devrait avoir pour les personnages. Dur en effet de ressentir quoi que se soit pour deux gros patés de pixels, certes bien animés mais malheureusement dépourvus d’âme…
C’est bien là la grande force et la grande faiblesse du métrage. En l’état, L’incroyable Hulk, est une retranscription ultra-fidèle du comics. Mais à trop coller au support papier, le film oublie un peu trop que l’on est au cinéma et que l’intrigue ne doit pas fonctionner selon les mêmes codes. Et c’est bien dommage, car en se basant sur les bons points énumérés plus hauts, le film aurait clairement pu arriver à se surpasser qualitativement parlant et à boxer dans la cour d’un Spiderman ou d’un Batman The Dark Knight… Reste un film plaisant, mais qu’est-ce-que la fin peut être bourrine !