En posant cette question, on suggère plus ou moins qu'il existe des différences, alors réfléchissons...
Faire preuve de compassion, c'est souffrir avec l'autre. La sympathie repose sur un lien de nature affective. Quant à l'empathie, elle fait son apparition dans le vocabulaire européen à la fin du 19 e siècle, auf Deustch dans le texte grâce à deux philosophes allemands. On peut la définir - sans prétention académique - comme la capacité à se mettre à la place d'autrui et à ressentir une émotion qui correspond à la sienne.
Sans plus ? Pas tout-à-fait. Cette capacité implique d'être en mesure de réguler nos propres réponses émotionnelles.
Cette première confusion n'est pas la seule à laquelle l'empathie donne lieu. En entreprise par exemple, l'intérêt grandissant suscité par les soft skills en général, et certaines de ces compétences en particulier, peut conduire à inscrire leur développement dans une perspective de " résultats attendus ". Dès lors, l'empathie est assimilée à un code de conduite, alors qu'il ne s'agit en aucun cas d'une grille de valeurs ! L'empathie doit plutôt être vue comme un capital, dont nous disposons tous.
Si l'empathie se niche " quelque part " en chacun de nous, cela ne signifie pas pour autant que nous sommes capables d'en faire preuve spontanément et/ou à tout moment.
Du point de vue neurobiologique, l'empathie repose sur les neurones miroirs ; elle joue un rôle-clé dans les liens que nous nouons avec autrui, eux-mêmes décisifs pour apprendre et se développer en général, au-delà du seul cadre professionnel. Mais, à certains égards, elle nous échappe totalement. Ainsi, si l'on regarde par imagerie fonctionnelle le cerveau d'un spectateur et celui d'un comédien qui pleure, on constate que les mêmes zones sont activées !
Dès lors, un collaborateur doté d'un fort capital peut se laisser déborder par ses émotions et préférer se protéger en évitant de tisser de véritables relations avec ses collègues. Pour activer l'empathie en toute " sécurité " pour soi-même, il est donc nécessaire de connaître les autres ingrédients de l'intelligence émotionnelle - la gestion des émotions, en tout premier lieu -, et de les développer.
Par ailleurs, en contexte professionnel l'empathie ne devient compétence qu'en réunissant deux conditions : 1) la compréhension et la prise en compte de ce que ressent l'autre 2) la projection vers une " solution " - pour travailler dans les meilleures conditions possible par exemple ou pour s'extraire d'une problématique délicate. Relever ce challenge requiert, notamment, de mobiliser une autre soft skill : l 'écoute.