(…) Par sa constitution, désinformation, comme sur- ou sous-information (et les verbes qui vont avec) n’a rien d’anormal. C’est le sens qui cloche : ce qu’on voulait exprimer, c’était la transmission de faux renseignements destinée à influencer l’opinion. L’Académie française, qui se penchait sur ce mot nouveau en 1960, y voyait une manœuvre politique destinée - je cite - “à induire un adversaire en erreur ou à favoriser chez lui la subversion dans le dessein de l’affaiblir”.
(…) Les académiciens, tout en définissant avec pertinence la désinformation médiatique, ne notaient pas que ce mot qui exprime la tromperie est lui-même trompeur. Normalement, de même que désillusionner, c’est “priver de ses illusions”, désinformer devrait signifier “priver d’informations” ou, du moins, en diminuer la dose, ce qui pourrait avoir un côté reposant. Or, la désinformation est un réalité un excès, un ensemble d’infos inexactes, mensongères, truquées ou simplement orientées, en tout cas de nature à égarer l’opinion. Ce n’est pas une privation, au contraire, c’est une mésinformation, comme une mésaventure est une mauvaise aventure, ou bien une malinformation. Mais on dit désinformation; tant pis. La désinformation commence donc par de l’information inexacte, douteuse, non vérifiée, ou, pis, diffusée pour sa fausseté même.
Je vous recommande ce petit livre! On y apprend pas mal de choses, comme le sens du mot “quintessence” ou l’origine de “boycott”. Je rêve d’ailleurs d’acquérir son Dictionnaire culturel… (un peu cher, soupir!)