Je t'ai rencontré par hasard
Ici ailleurs ou autre part,
Il se peut que tu t'en souviennes
Sans se connaître on s'est aimé
Et même si ce n'est pas vrai
Il faut croire à l'histoire ancienne
Je t'ai donné ce que j'avais,
De quoi chanter, de quoi rêver,
Et tu croyais en ma bohème,
Mais si tu pensais à vingt ans,
Qu'on peut vivre de l'air du temps,
Ton point de vue n'est plus le même.
Cette fameuse fin du mois
Qui depuis qu'on est toi et moi
Nous reviens sept fois par semaine
Et nos soirées sans cinéma,
Et mon succès qui ne vient pas
Et notre pitance incertaine
Tu vois je n'ai rien oublié
Dans ce bilan triste à pleurer,
Qui constate notre faillite.
Il te reste encor' de beau jours
Profites-en mon pauvre amour,
Les belles années passent vite.
Et maintenant tu vas partir,
Tous les deux nous allons vieillir,
Chacun pour soi comme c'est triste
Tu peux remporter le phono,
Moi je conserve le piano,
Je continue ma vie d'artiste.
Plus tard sans trop savoir pourquoi,
Un étranger un maladroit,
Lisant mon nom sur une affiche,
Te parlera de mes succès,
Mais un peu triste, toi qui sait,
Tu lui diras que je m'en fiche.
Léo Ferré / Claude Francis
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