Le pré-mémorial à l'intérieur du palais présidentiel
(photo Casa Rosada)
Dimanche, un
petit nombre d’opposants a réalisé des manifestations devant la
Casa Rosada à Buenos Aires et devant la résidence présidentielle à
Olivos pour rappeler le souvenir de leurs proches décédés des
suites du covid. Pour symboliser ces vies disparues, ils ont apporté
et laissé sur le sol des pierres sur lesquels ils avaient écrit un
prénom et parfois des dates.
Une d'hier
"Pour que personne n'oublie" dit le titre secondaire
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Dans un cas comme dans l’autre, les manifestants lançaient des slogans très violents, insultant d’abondance le chef de l’État et ses ministres. A Buenos Aires, certains d’entre eux ont même vandalisé les dalles en hommage aux Madres de Plaza de Mayo, comme ils le font très souvent. Ils s’échauffaient en évoquant le scandale de l’anniversaire de la Première dame, le 14 juillet 2020, et en répétant toute la palette des rumeurs complotistes que l’on retrouve dans les manifestations contre toute politique sanitaire qui existent aussi en hémisphère nord. Tout y est passé, y compris des revendications sans aucun rapport avec l’épidémie ou les vaccins comme l’exigence de voir Cristina Kirchner incarcérée immédiatement ou celle de voir revenir les trois pouvoirs de la « République » qui auraient disparu (l’exécutif, le législatif et le judiciaire).
Les pierres
laissées sur place par les manifestants n’ont pas été retirées
comme la droite a tenté de le faire croire dès lundi matin. Elles
ont été recueillies et disposées respectueusement dans un des
halls d’honneur de la Casa Rosada : les services de la
présidence ont fait savoir qu’elles seraient prochainement
intégrées dans un mémorial dont la nature et l’emplacement ne
sont bien entendu pas encore définis.
Une d'hier
'Le président a demandé pardon pour la fête d'anniversaire,
mais il [nous] défie : "Vous ne me ferez pas tomber"
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Ainsi donc, le
gouvernement vient-il de couper l’herbe sous le pied d’une partie
de son opposition la plus virulente et la plus inconciliable, à tel
point que les journaux de droite ont dû ce matin rapporter
l’information dans leurs colonnes. La
Prensa
lui a même trouvé une petite place à sa une. Poursuivant la même
tactique conciliatrice, la compagne du président, Fabiola Yañez, a
fait parvenir au juge qui instruit l’affaire pénale liée à la
célébration de son anniversaire un document de procédure par
lequel, par la voix de ses avocats, elle se met à la disposition de
la justice (1).
Plusieurs de ses invités ont fait de même. Ce faisant, ils se donnent accès à l'intégralité du dossier. Ils prennent aussi leurs
responsabilités (certes un peu tard) et creusent d’autant mieux la
différence avec la droite néolibérale dont le comportement, autour
de Mauricio Macri, est diamétralement opposé, jusqu’à la
rocambolesque fuite à l’étranger (vouée à l’échec) d’un de ses très proches conseillers qui devrait être bientôt extradé de Montevideo (les faits reprochés sont nettement plus graves et les peines encourues aussi).
Une d'hier
"Pour ceux qui sont partis", dit le gros titre en jaune
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En pleine campagne électorale, la manœuvre (sincère ou non) n’est pas maladroite.
© Denise Anne Clavilier www.barrio-de-tango.blogspot.com
Pour aller
plus loin :
lire l’article de Página/12
lire l’article de La Prensalire l’article de Clarínlire l’article de La Naciónsur la démarche judiciaire de Fabiola Yañezlire l’article de Página/12lire l’article de La Prensalire l’article de La Nación
(1) Le président est professeur de droit pénal. Elle est donc bien conseillée.