La tension est montée à Bafang samedi dernier, suite au meurtre sur le site d'un litige foncier à Bana du jeune Loïc Axel Kamegni Tchayou, âgé de 24 ans.
La circulation a été sérieusement perturbée sur la route nationale n°5, le samedi 14 août 2021. Emballé dans un linceul, le cadavre de Loïc Axel Kamegni sert de calle en même temps que des objets récupérés sur le site, au lieudit carrefour chefferie, à la sortie sud de Bafang. Les véhicules en provenance de Douala ou de Bafoussam, de Bangangté et même plus loin sont systématiquement bloqués par des jeunes excités, qui exigent la descente sur les lieux du gouverneur de la région de l'Ouest, Awa Fonka Augustine. Malgré les bons offices de Luc Ndongo, le préfet du Haut Nkam, qui a signé en mi-journée un communiqué de presse indiquant les mesures urgentes déjà prises par le haut commandement de la gendarmerie pour " établir les responsabilités et punir les éventuels coupables " de ce qu'il a appelé une " bavure ", la situation est demeurée tendue jusqu'en pleine nuit. Très excités, les manifestants disaient vouloir maintenir ainsi le blocus, jusqu'à l'organisation des obsèques du jeune homme, le 21 août prochain. Finalement, ils ont lâché prise et la route a été libérée en ce weekend d'affluence, où de nombreuses familles de l'Ouest se sont donné rendez-vous pour les " réunions familiales ".
Défaut de maîtrise
La pomme de discorde est venue de la mort en matinée, autour de 11h30, au quartier Tchoumekeu, sur un axe qui relie Bakassa en passant par Konta, passant derrière la résidence de Kadji Defosso, d'Axel Kamegni, venu également à la réunion familiale dans leur concession, la veille de l'incident. Des membres de sa famille ont décidé l'avant-veille, vendredi 13 août, de faire venir un terrassier pour déblayer un terrain, à l'effet d'y construire une maison d'habitation. Seulement, deux familles, représentées par le notable Alain Hokfak et Joseph Kamgoue se disputent le site. Une dispute qui a prospéré après la mort des premiers occupants du site, qui dit-on, n'avaient jamais discuté les limites. " Le vendredi, on est descendu avec le Caterpillar sur le site pour terrasser parce qu'on veut construire. Samuel Tchandeu est venu mettre les fétiches. Le samedi, quand on est venu trouver les fétiches, on a pris et on est parti jeter chez eux. Après notre réunion familiale, quand on a pris certaines plantes pour le reboisement, Samuel Tchandeu est parti chercher les gendarmes. Nous étions en bas du site lorsque les enfants nous ont alertés. On est remonté sur le site et plus rapide, mon fils est passé devant moi. Puis, j'ai entendu seulement (une détonation) ", témoigne Odette Tchamabo Kamgoue, la mère du défunt. Autrement, le gendarme aurait tiré sans sommation sur le jeune homme.
Une version différente de celle qui a été vite balancée sur les réseaux sociaux, qui laissait entendre que c'est suite à l'agression du commandant de brigade, l'adjudant-chef Mbi Mbang que le gendarme Ndi Aboubacar a tiré pour le défendre, alors que les villageois l'avaient blessé et dépouillé de ses biens, notamment ses téléphones portables, son arme et sa voiture ainsi qu'une somme de 195.000F. Au contraire, corrige l'autre camp, le gendarme a fui après le coup de feu mortel. Son chef a sorti son arme " pour nous intimider ", selon le cousin du défunt. Ils reconnaissent l'avoir molesté, puis récupéré son arme qu'ils ont remise au sous-préfet, appelé sur le site. C'est la population accourue, qui en colère, a mis le feu à son véhicule. Conduit à l'hôpital Ad Lucem de Banka, le corps de Kamegni sera sorti par des jeunes en furie pour aller barrer la route, au niveau de la chefferie Bafang. Selon nos sources, Loïc Kamegni, né en 1997, est originaire de Tentcheu, un quartier réputé bouillant à Bana. Sa mère perd ainsi son unique fils, qui était apprenti-mécanicien à Bafang.