J’ai un ami qui est vigneron. Quelques pieds de vigne dans un petit village bien nommé Chateauneuf du Pape. Il travaille artisanalement. Il soulage les vignes des grappes excédentaires avec son sécateur. Il récolte à la main. Une machine ferait le travail 20 fois plus vite. Mais moins bien. Et lui, il veut faire ça bien. Pour lui. Et pour les autres, ceux qui dégusteront son nectar. Il leur veut du bien.
J’ai un ami qui élève des coccinelles. Dans une ferme à coccinelles. Si, si, ça existe. Il veut pallier aux pesticides dans nos champs, nos cultures. Reprendre contact avec la nature. Il développe sa petite entreprise. Doucement. Il veut faire ça bien. Il nous veut du bien.
J’ai un ami qui fabrique du chocolat en Indonésie. Artisanalement, parti de rien, ses petites recettes à lui apprises sur le tas et la réputation du chocolat belge. Un petit atelier. Entièrement détruit par le dernier tremblement de terre il y a deux ans. Il a tout recommencé. Il fait ça bien. Il veut du bien.
J’ai un ami qui fabrique de l’huile d’olive dans un petit coin du Var. D’une grande étendue de terre caillouteuse, il a fait une oliveraie magnifique, 5000 pieds, un puit creusé à 120m, une irrigation intelligente, une récolte à la main à Noël dans de grands filets, des meuniers qui vantent la qualité de ses olives. Il fait ça bien. Il veut le meilleur produit. Gustativement imparable. Et sain. Il nous veut du bien.
Et puis en une journée j’entends Ahmadinejad. Kadhafi. Kim Jong II. al-Zawahiri. Les intégristes. Les colons. Les pèlerins de l’Yser. Les actionnaires. Les révisionnistes. Les marchands d’armes. Les génocidaires. Les hooligans. Les délocalisateurs. Les kidnappeurs d’enfants.
Et je me demande: s’ils savaient faire du vin, du chocolat, presser des olives ou élever des larves de coccinelles, deviendraient-ils meilleurs?
Sans pour autant ne jamais devenir mon ami.
Merci Patrick, Eric, Thierry, Serge.
Xavier, fier d’eux.