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Un peu de tricot?

Publié le 25 septembre 2009 par Xlr2603

Un peu de tricot?

Je ne sais pas vous, mais moi je n’ai plus vu une seule jeune fille de bonne famille tricoter depuis 30 ans.

J’ai un souvenir de quelques amies de ma mère et de ma grand-mère capables de tenir une conversation tout en faisant clicliclcicliclic à l’endroit et à l’envers à une cadence infernale, en tirant machinalement un bout de laine de la pelote rangée dans le panier en osier à leurs pieds.
Tenir une conversation impliquait aussi servir un café, couper un bloc de Maredsous, vider une Chimay bleue, jouer au Scrabble ou mixer la soupe. Clicliclicliclcic sans discontinuer.
On a beau dire, ça avait un côté rassurant et charmant.
Bon après, fallait voir le résultat final.
Quand c’était un patchwork qui devait finir comme couvre-lit bien chaud, passe encore.
Quand c’était un magnifique pull un peu étroit aux épaules, un peu large à la taille, un peu trop rouge et gris et mauve et jaune avec cette petite pointe de vert, un peu piquant, un peu Pèrenoëlorduresque qu’il fallait absolument mettre pour se pointer à l’Athénée, si si il fait un peu frais, mais je te parle pas de température je te parle de honte, ça c’était autre chose.

N’empêche, il y avait une forme de talent, de transmission inter générations, un truc de fille rassurant.

Elles savaient pas faire que ça, elles savaient tout faire.

Aujourd’hui, je te raconte pas.
Libres, épanouies, modernes et in-dé-pen-dan-tes. (Et stressées, et burn outées, et fatiguées et ras le bolées, mais soit)
Pas indépendantes de la technologie par contre….

On a intérêt à inventer les boutons qui se décousent jamais vite fait, parce que j’en ai déjà vues regarder le fil et l’aiguille avec un oeil bovin magnifique qui traduisait le vide intersidéral « Et quoi, qu’est ce que je dois faire? »..

Arrêtez de produire des légumes frais. Même l’éplucheur elles s’en servent à l’envers. « Ca marche pas, regarde ça pèle pas chou…? ».
(Sans compter les produits du type topinambour, capucine tubéreuse ou raiponce dont elles pensent que ce sont des sex toys ou des princesses de Walt Disney…)

Les oeufs pour l’instant ça va. La plupart savent encore qu’on ne mange pas le truc dur autour.

Pour les fromages, déjà, elles hésitent plus. Aaaah la croûte. On la mange ou paaaas? Donc elles les pèlent tous, comme ça au moins…..

Et nettoyer le sol sans un Swiffer? Quoi un torchon? C’est quoi un torchon? Et tu veux que je mette mes ongles dans cette eau sale?

Messieurs les industriels, vous avez une liste prioritaire: concentrez toute votre énergie sur le développement du micro ondes, de la bouffe en sachet, du fromage sans croûte, sur l’invention d’une espèce de bombe qu’on ferait exploser au milieu de la cuisine et zouuuh tout est propre, même l’intérieur du four (« quoi, ça se nettoie à l’intérieur un four??? »), sur les boutons indestructibles et sur les pulls en laine faits main vendus tout faits.

Mais pourquoi j’ai démarré sur le tricot?
Ah oui, c’est sans doute pour ma péridurale de toute à l’heure, l’aiguille maousse costaud qu’on t’enfonce dans le dos et dont je n’ai qu’ une envie très superficielle là tout de suite.
Meuh non pas douillet.
Suis un Homme, moi.
Jurez-moi que ça fait pas mal….

La même aiguille qu’ elles prennent stoïquement quand elles sont à quelques heures de nous donner des bébés.
Parce que ça elles savent toujours faire. Magnifiquement bien. Et ça, c’est important.
Le tricot et le reste, bwoarf finalement.

Xavier, courageux si si si


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