Matinée de funérailles.
La seule obligation pour moi de franchir les lourdes portes de ces églises que j’exècre, pour apporter un peu de soutien moral à ces gens que j’aime et qui souffrent.
Mais en bon athée débaptisé, je me cale au fond et j’observe distraitement le sempiternel cérémonial identique du pépère en robe qui blablate ses âneries, se permettant même une forme d’intimité avec cette défunte qu’il n’a jamais entrevue de sa vie.
Black le pépère en robe blanche, ça améliore le contraste.
Et puis est venu me rejoindre tout au fond du hall un très vieux monsieur.
Très vieux et très pauvre, au regard de ses sandalettes et de son training.
Il s’est assis péniblement.
Il ne pouvait se relever seul, les muscles fondus, les genoux trop raides… je l’ai aidé.
Il m’a remercié en souriant, de ses yeux ble électriques et de sa barbe blanche mal rasée…
Visiblement, aucun lien avec la famille ou les amis.
Mais je suis persuadé qu’il assistait en fait à la répétition.
La répétition de sa mise en boîte, un de ces jours.
Je suis sûr qu’il assiste à chaque messe de funérailles.
Sans doute espère-t-il une jolie messe, de belles paroles, des gens pour l’accompagner vers le trou.
Et ce vieux monsieur m’a bien entendu renvoyé à une prise de conscience personnelle.
Celle que l’on a sans doute toutes et tous.
On en saura rien, et pourtant elles et ils viendront pour nous.
On n’entendra rien, mais on voudrait que les musiques soient bien choisies et fidèles à ce que nous sommes.
Peut être un ou plusieurs textes qui parleront de nous, que l’on aimerait flatteurs sans être hypocrites.
Des larmes? Sans doute, si jusqu’au bout nous nous sommes attelés à faire du mieux possible.
Combien seront-ils?
Qui vais-je mériter?
Mes enfants. Que penseront-ils Bonhommet, Queen E et Princesse V ce matin là….?
Vous aussi, vous avez déjà pensé à tout cela juste en croisant un petit vieux, une petite vieille toute habillée de raide, comme chantait le Grand Jacques?
Moi, c’était ce matin.
Mais pour continuer sur Monsieur Brel, moi je veux qu’on rie, je veux qu’on danse…
Et « Je suis venu te dire que je m’en vais » en clôture de cérémonie, ça m’ira…
Juste avant le « Allumer le feu » qui accompagnera le départ vers les flammes du crématoire…
Vous ferez cela, en mémoire de moi?
C’est un WE à barbecues, ça tombe bien tiens….
Et puis Anne, tu sais qu’on t’aime.
Xavier, conscientisant