On en a tous entendu parler.
Mais réaliser ce que c’est ou ce que ça a été sans y être venu, ce n’est pas possible.
On est pourtant loin de la Thaïlande, les plages sud du Sri Lanka, à des bornes de là…
Sarat et Pradjeeb sont les deux frères qui s’occupent de tout à la maison et qui nous racontent…Sarat surtout.
Comment la mer est devenue noire.
Comment elle s’est retirée.
Comment ils ont vu la vague.
Comment ils ont hurlé pour alerter tout le monde, réveiller les gens, les touristes ou les indigènes encore assoupis à 9 :00 du matin pendant ces congés de Noël…
Comment il a couru quelques mètres vers son bungalow où dorment sa femme et son fils de 6 mois.
Comment il n’y est pas arrivé.
Happé par une vague de 8 mètres de haut, la force d’un autobus, projeté à 200m à l’intérieur des terres….puis la vague est repartie vers la mer, aussi forte, les débris en plus…et elle est revenue une seconde fois..
Il a retrouvé son petit mort dans le lagon, dans des branches d’arbres.
Sa femme indemne.
27 morts sur ce morceau de plage.
2 suisses, une anglaise.
Plus de 90 morts dans le village de Tangalle, le plus proche.
Les cicatrices sont là, maisons dont il ne reste que les fondations, bateaux cassés dans les terres, stèles commémoratives,….
Des vagues de 1m50 de haut nous ont balayés, jetés sous la houle comme des fétus de paille, emportés, un ressac hallucinant, une force qui nous laisse des genoux griffés, des fesses brûlées par le sable qui râpe, des tasses bues…parce qu’on joue dans les vagues, avec de grands éclats de rire.
8 mètres.
3 étages en pleine face.
Imagine.
Sarat n’aime plus trop la mer.
Il n’y joue plus.
Il n’y jouera plus jamais.
Il a mis sa femme à l’abri sur la colline, et ils ont refait deux magnifiques petites filles.
Xavier, on ne joue pas avec le feu. Avec l’eau non plus.