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Deux Poèmes d’Aksinia Mihaylova

Par Etcetera
Deux Poèmes d’Aksinia Mihaylova

J’ai découvert ce livre tout à fait par hasard, en me promenant dans ma librairie préférée, et mon attention a tout de suite été attirée par cette poète dont je n’avais jamais entendu parler auparavant et qui est pourtant loin d’être une inconnue puisqu’elle a obtenu le prestigieux Prix Guillaume Apollinaire en 2014 et le Prix Max Jacob en 2020.
J’étais donc passée à côté de cette intéressante poète jusqu’à présent et je répare aujourd’hui cette faute d’inattention.

Note biographique sur Aksinia Mihaylova :

Elle naît le 13 avril 1963 dans un village de Bulgarie. Elle commence à étudier la langue française en 1977, au lycée, et se passionne pour cette langue. Elle suit des études de bibliothécaire à Sofia. Elle fonde une revue littéraire Ah, Maria où elle publie des traductions d’auteurs français comme G. Bataille, Jean Genet ou encore les Surréalistes.
Elle a traduit plus de trente livres, poésies et proses, et a publié des traductions de dizaines de poètes français.
C’est en 2010 qu’elle vient en France pour la première fois.
Aksinia Mihaylova a publié cinq recueils de poésie en bulgare et a reçu de nombreux prix dans son pays et en Lituanie, en Lettonie et en France (Prix Apollinaire et Prix Max Jacob).

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Page 63

Un Tueur Innocent

J’ai déshabillé mes soucis et déboutonné
toutes mes amours avant toi, dit-il,
j’ai tout laissé à la consigne.
Me voilà nu et innocent.

Et j’ai cru que nous étions au seuil
d’une promenade sans fin après la longue attente
quand un des nombreux tiroirs de sa mémoire
s’est ouvert brusquement et le nom
d’une autre femme s’est enfoncé dans mon dos
comme un coup de couteau mal asséné.

Mais je reste vivante
car je suis de l’autre côté des choses,
j’habite une rue qui ne traverse pas son quotidien
et je fais semblant de ne pas l’entendre.

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Page 80

Un Archipel

Couchés dans la lavande
nous tirons du coin de l’œil
la couverture d’un nuage rare
dans la brise du soir tombant.

Tes mains apprennent
la géographie de mon corps,
les bouts de nos langues se touchent –
isthme temporaire
entre deux îles solitaires
dans la mer de lavande.
Tes vaches bleues paissent les vagues de mes prés
lèchent le sel qui fond sous mes bras
et jusqu’à ce que la lave en éruption
soit refroidie
non fécondée
dans le creux de mon ventre
tu me dis :
deux îles ne font pas un archipel.

**
Le recueil Ciel à Perdre d’Aksinia Mihaylova est paru chez Poésie-Gallimard en mars 2021, dans une traduction de la poète elle-même et de Dostena Lavergne pour la deuxième partie du livre, et écrit directement en français pour la première partie.


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