Je suis le Has been, le ringard, l’homme vieillissant du passé. Et pourtant, avec nostalgie, on dit que j’appartenais à la génération dorée.
Il m’arrive souvent d’aller en ville du côté du cinéma Roxy pour prendre un thé avec des amis. Cet après-midi, justement, sur mon chemin, j’ai été abordé par une dame d’un certain âge accompagnée d’un garçon d’une dizaine d’années. Cette femme n’avait rien d’une mendiante, elle m’a tout simplement demandé de l’aide pour rentrer chez elle dans une commune à quelques dizaines de kilomètres de Safi.
J’ai appris d’elle qu’elle avait besoin de 20 dirhams pour acheter son billet de retour. Je lui ai donné 13 DH. Elle fut très heureuse et m’a remercié chaleureusement. J’ai ensuite continué mon chemin. À peine avais-je parcouru une trentaine de mètres que je me suis dit que j’aurais dû lui donner les 20 dirhams nécessaires pour son billet. Eh bien que j’eusse plusieurs billets de 20 dirhams dans mon portefeuille, pris d’un doute sur sa sincérité, je ne suis pas retourné sur mes pas pour lui donner la somme nécessaire.
J’ai rencontré mes amis dans le café, et après avoir fini ma boisson, je leur ai fait part de cette petite aventure et du regret que j’éprouve pour ne pas avoir aidé complètement cette femme.
Tous ont eu cette réponse. « C’est très généreux de ta part d’avoir donné 13 dirhams à une inconnue. C’est plus que la moitié du prix du billet. Elle trouvera certainement d’autres personnes qui lui donneront le reste. »
Bien sûr, je suis un intimement convaincu d’avoir fait un très beau geste ; de même je suis intimement convaincu que cette femme a pu prendre son billet et rentrer chez elle.
Mais j’éprouve quand même quelques regrets.
En donnant 13 dirhams à cette femme, j’ai emprunté la voie des rois.
Si je lui avais donné 20 DH, j’aurais emprunté celles des Dieux.
Ce jour-là, j’ai raté mon rendez-vous avec la voie des Dieux, pour juste quelques dirhams de plus.
Je le regrette amèrement.
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