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Covid-19 : la France plus vaccinée qu’Israël

Publié le 14 août 2021 par Sylvainrakotoarison

" Rien ne sert de courir ; il faut partir à point. " ("Le lièvre et la tortue", fable de La Fontaine).
Covid-19 : la France plus vaccinée qu’Israël
En ce milieu de l'été 2021, la politique vaccinale de la France est un grand succès. Nouvelle étape assez symbolique, ce jeudi 12 août 2021, la France a dépassé Israël, l'un des pays du monde les plus volontaristes dans la campagne de vaccination contre le covid-19. Après les États-Unis, après l'Allemagne, après la Suède, après l'Italie, la France a désormais une part de la population ayant reçu une première dose de vaccin contre le covid-19 supérieure à celle d'Israël. Et c'est important, car au-delà de quatorze jours, la première dose a un effet protecteur déterminant contre la maladie. D'autres pays sont encore plus vaccinés, notamment l'Espagne, la Belgique, le Canada, le Chili, etc.
Insistons sur le fait qu'il n'est pas question ici de faire un concours : tous les pays du monde doivent réussir leur campagne de vaccination le plus vite possible, et avant de pouvoir s'organiser, il faut déjà pouvoir tout court, être capable d'acquérir ces fameuses doses de vaccin. Ce qui n'est pas dans le budget de toutes les nations et ce qui justifie une aide massive des pays dits riches (dont nous sommes), ce qui n'a rien à voir avec les brevets (qui est un autre sujet, j'y reviendrai peut-être, je l'ai déjà évoqué ici en mai dernier).
Covid-19 : la France plus vaccinée qu’Israël
Pas un pays même bien vacciné ne sera à l'abri d'un retour épidémique tant qu'il subsiste un autre pays qui ne soit pas assez vacciné. Tout le monde, ici, est dans le même bateau et c'est plutôt le trop gros manque d'harmonie mondiale qui caractérise cette crise sanitaire mondiale qu'une trop grande gouvernance mondiale qui n'existe pas (l'OMS n'a qu'un ministère de la parole).
Si j'évoque Israël, c'est parce qu'on avait loué sa capacité à devenir une nation exemplaire en matière de vaccination contre le covid-19. La France compte, au 12 août 2021, 45 792 392 habitants ayant reçu au moins une dose, soit 68,4% de la population totale, et 38 510 140 personnes ayant achevé leur parcours vaccinal, soit 57,5% de la population totale. Le double objectif du gouvernement d'atteindre 50 millions de personnes primovaccinées et 40 millions de personnes complètement vaccinées d'ici à la fin du mois d'août 2021 semble largement atteignable.
Covid-19 : la France plus vaccinée qu’Israël
Rappelons-nous le début de cette campagne de vaccination. Tous les médias avaient fustigé le gouvernement supposé ou trop timide et incapable de s'organiser pour permettre une vaccination massive. Il est vrai que les premiers jours furent assez préoccupants, mais comment peut-on comparer plusieurs pays au début d'une action alors que le bilan, c'est toujours à la fin qu'il faut le faire ?
Covid-19 : la France plus vaccinée qu’Israël
Le 31 décembre 2020, j'avais écrit ceci : " Entre faire et ne pas faire, et quoi faire si faire, il y a toujours sujet à critique. Pas de masque ? On critique. Trop de masques ? On critique. Pas de test PCR ? On critique. Trop de tests PR ? On critique. Et on aura la même chose avec les vaccins. Trop lent. Trop rapide. Jamais comme il faut, toujours mieux chez les voisins, l'herbe y est toujours plus verte... que de dépréciation antipatriotique chez les Français ! ".
Et dès le 18 novembre 2020, je m'inquiétais plus des nombres de doses que de l'acceptabilité des vaccins (désolé de me citer une seconde fois, mais il est bon parfois de se relire pour voir si on n'a pas dit trop de bêtises !) : " Le problème, contrairement à ce que les médias disent à longueur de journée depuis une semaine, ce n'est pas la réticence au vaccin (réelle), ce courant antivaccin, effectivement très forte en France. L'enjeu, ce serait plutôt d'avoir assez de doses de vaccin pour tous ceux qui voudraient se faire vacciner. L'expérience de la vaccination contre la grippe depuis le 13 octobre 2020 montre que le risque n'est pas le trop peu de postulants, c'est le trop plein. Au fur et à mesure que les vaccinations seront faites, ceux qui, au départ, auront été réticents se mettront naturellement à vouloir aussi se faire vacciner contre le covid-19 qui, je le répète, n'est pas une grippe car aucune grippe n'a paralysé ou du moins déstabilisé l'économie de la planète depuis maintenant dix mois. ".
D'ailleurs, on pourrait dire la même chose avec les tests de dépistage du virus, qui ont eu du mal à "démarrer" en France en été 2020. Maintenant, la France est l'un des grands pays qui teste le plus sa population et c'est aussi un moyen de contenir l'épidémie (au 13 août 2021, 111 773 788 tests ont été réalisés en France, soit 1,8 test par habitant, bien plus qu'en Allemagne, qu'en Russie, qu'en Italie, qu'en Espagne, et même qu'aux États-Unis).
On a tendance à comparer la France à un moteur diesel. C'est un peu vrai (démarrage lent et bonne vitesse de croisière) même si l'analogie s'arrête là sans prendre en compte l'écologie !
Ce qui est rassurant, c'est que toute la population se vaccine, en France : plus de la moitié des adolescents est maintenant vaccinée (52%), et le taux est au moins de 84% pour les personnes de plus de 50 ans.
Covid-19 : la France plus vaccinée qu’Israël
J'imagine que certains lecteurs, peu préparés à rendre hommage non seulement au gouvernement mais à toute la nation française (tous ceux qui bossent dans les au moins 4 000 centres de vaccination plus les officines de pharmacie et les cabinets médicaux en ville) pour cette très efficace campagne de vaccination (je le répète : qui en janvier 2021, était prêt à parier un tel succès ?) peuvent évidemment dire que les dés sont "pipés" avec l'extension du passe sanitaire.
Mais justement, parlons-en, du passe sanitaire ! Une question : ceux qui me lisent et qui sont opposés à la vaccination, sont-ils vaccinés ou pas ? La réponse est intéressante car finalement, il y a quand même plus de 30% de Français aujourd'hui qui ne le sont pas. Cela reste. Si la réponse est "non", cela signifie bien qu'il n'y a pas d'obligation vaccinale.
C'est d'ailleurs un impératif constitutionnel qui empêcherait toute obligation vaccinale (ce dont le PS, par exemple, semble vouloir s'affranchir, mais faut-il encore parler des propositions d'un microparti ?). S'il y avait obligation vaccinale, tout le monde serait vacciné et on n'en parlerait plus. Le passe sanitaire n'est pas un passe vaccinal, et c'est une nuance essentielle, qu'avait défendue la France lors des sommets européens : pas question d'imposer la vaccination comme préalable pour, par exemple, franchir une frontière européenne. L'obligation du test de dépistage doit être aussi une option, elle est non seulement logique (refus de propager l'épidémie) mais permet un bon équilibre entre le sanitaire et la liberté, puisque le test négatif peut éviter la vaccination.
Cette réflexion justifie ainsi l'hommage que je rends à la nation française pour le succès de sa campagne de vaccination : tous ceux qui n'étaient pas vaccinés au 12 juillet 2021 auraient pu soit refuser de se rendre dans les lieux nécessitant le passe sanitaire, soit se contenter d'un test. Or, le fait est qu'une grande part que je souhaite toujours croissante a préféré se faire vacciner.
Il n'y a pas eu d'obligation mais une incitation. Une personne dite antivax continuerait à refuser le vaccin. Ceux qui au contraire l'acceptent ont été surtout des personnes qui, pour diverses raisons personnelles (dont la peur, un emploi du temps compliqué, une négligence, la sous-estimation de la situation épidémique, etc.), préféraient repousser l'échéance à plus tard, peut-être après l'été. Le passe sanitaire a été un catalyseur mais certainement pas la cause, sinon, même les dits antivax seraient aujourd'hui vaccinés.
En chimie, un catalyseur, c'est un agent qui permet la mise en œuvre d'une réaction. Comme il n'est pas consommé lors de la réaction chimique, il n'apparaît pas dans l'équation bilan de la réaction qu'il permet d'accélérer. Il ne fait que faciliter la réaction mais s'il ne devait pas y avoir de réaction, il n'aurait pas d'effet. Le passe sanitaire, c'est un catalyseur. La vaccination, c'est la réaction. Sur un antivax, le passe sanitaire n'a pas d'effet sur sa propre vaccination. Cela prouve bien que la vaccination est le fait de personnes qui, de toute façon, auraient été amenées, mais plus tardivement, à se faire vacciner.
C'est pourquoi cela ramène les antivax à leur réelle proportion : pas ces 70% et quelque qui, avant la campagne de vaccination, pouvaient légitimement exprimer leur appréhension voire leur peur d'un nouveau vaccin (malgré toutes les études cliniques). La peur de se faire vacciner ne s'interdit pas et ne se critique pas : personne ne peut reprocher la peur à personne. Dans n'importe quelle démarche d'innovation, il y a toujours une part de la population en avance, et une autre rétive parfois irréductiblement.
Pour le vaccin, c'est pareil : la peur n'est pas du côté des vaccinés mais bien des antivax. C'est pour cela qu'il y a de plus en plus de personnes prêtes à se faire vacciner : parce qu'après sept mois de campagne mondiale, des milliards de doses injectées, ils ont pu observer par eux-mêmes tant l'innocuité que l'efficacité des vaccins.
C'est la raison qui l'a emporté sur la peur : généralement, les antivax considèrent que ceux qui veulent se faire vacciner ont peur. Peur de quoi ? Peur d'une maladie qui a déjà terrassé la vie de 4,4 millions de personnes ? Ah oui, peut-être que cette peur est intelligente, pas celle de dramatiser (dramatiser n'est pas efficace, j'en reparlerai éventuellement avec le nouveau rapport du GIEC), mais celle de vouloir trouver des solutions pour éviter que ces 4,4 millions se doublent, triplent, etc. Or, le vaccin est l'arme la plus efficace et surtout, la seule arme efficace contre le covid-19 disponible actuellement, je ne dis pas demain, mais aujourd'hui, si, incontestablement.
Et ceux qui sont pour la vaccination sont même prêts à tenir des propos rassurants et optimistes : avec la forte vaccination de la population, bien qu'insuffisante (on le constate en regardant la hausse des décès et des admissions en réanimation), la quatrième vague a des grandes chances (je veux rester prudent, on ne sait jamais l'avenir) d'être une vague finalement pas si sévère qu'on aurait pu le craindre (voir les projections alarmantes de l'Institut Pasteur). Le taux de reproduction effectif flirte avec le 1 (légèrement supérieur) et cela fait plusieurs semaines qu'on a stoppé la hausse exponentielle du nombre de nouveaux cas (taux de reproduction effectif de l'ordre de 2,2), et l'effet de la vaccination semble en être la principale cause même si cela nécessite des études plus approfondies dans les prochains mois pour s'en convaincre.
Pour avoir cette intuition (à ce jour, cela ne peut pas être plus qu'une intuition), il suffit de comparer l'évolution épidémique des deux derniers mois de certains pays. Des pays qui ont massivement vacciné : l'Espagne, la Grande-Bretagne, la France, l'Italie, l'Allemagne (avec une chronologie épidémique décalée). Avec l'évolution des pays qui ont une très faible couverture vaccinale : l'Indonésie, la Russie, l'Iran, la Tunisie, etc.
Enfin, je voudrais faire une autre remarque. Il est très stupide de coupler l'adhésion au Président de la République Emmanuel Macron et l'idée que la vaccination est utile collectivement sinon individuellement. Pour une raison simple : ce sont des opposants politiques qui voudraient faire l'amalgame et la confusion politicienne, mais il y a une véritable part de masochisme à faire cette confusion, vu que le taux de vaccination dépasse largement le score d'Emmanuel Macron au second tour de l'élection présidentielle de 2017. Voudraient-ils se déclarer électoralement perdants d'office ? Ce n'est pas très malin.
J'ai bien compris leurs calculs : utiliser la haine contre Emmanuel Macron pour ne pas se faire vacciner. Mais ce sont des mauvais calculs qui risquent de se retourner contre eux : si seul Emmanuel Macron prône la vaccination, alors il aura un boulevard à la prochaine élection. Car ma question est la suivante : et les autres partis politiques, qu'en pensent-ils du passe sanitaire et de la vaccination ? C'est sûr, prendre courageusement position est un risque, on ne peut sortir de l'ambiguïté que toujours à ses dépens.
Les Français, heureusement, sont loin des préoccupations politiciennes et électorales de certains politiciens de seconde zone. Ils ont compris la raison de se faire vacciner et l'ont accepté car nous sommes la patrie des Lumières. Certains ont eu besoin du passe sanitaire, d'autres non : après tout, la raison impose de conduire à une vitesse modérée sur les routes, cela n'empêche pas les radars de punir les contrevenants. J'espère pour les lecteurs que vous conduisez sans mettre en danger la vie des autres par simple raison, celle de ne pas vouloir provoquer d'accident, et pas par seule peur du gendarme ou de la prune. Si c'était ce dernier cas, ce serait désolant et la preuve d'un manque de maturité que bien des adolescents en France, 52% actuellement, n'ont déjà plus (et bravo à eux !)...
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (14 août 2021)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Covid-19 : la France plus vaccinée qu'Israël.
La vaccination contre le covid-19, ça marche !
Rapport de la DREES du 6 août 2021 (à télécharger).
Covid-19 : les Engagés et les Enragés.
Le passe sanitaire validé par le Conseil Constitutionnel.
Décision n°2021-824 DC du 5 août 2021 du Conseil Constitutionnel sur la loi relative à la gestion de la crise sanitaire (texte intégral).
Couverture vaccinale : la France dépasse les États-Unis et l'Allemagne.
L'heureux engagement du Président Macron en faveur de la vaccination des jeunes.
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La Science, la Recherche et le Doute.
Covid-19 : se faire vacciner, c'est résister !
Audition d'Olivier Véran au Sénat le 22 juillet 2021 sur le passe sanitaire (à télécharger).
Motion de rejet préalable sur le passe sanitaire le 25 juillet 2021.
Variant delta : la territorialisation des restrictions sanitaires.
Covid-19 : les bénéfices-risques de la vaccination des adolescents.
4e vague : passe sanitaire ou reconfinement ?
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Fête nationale : cinq ans plus tard...
Emmanuel Macron, la méthode forte.
Emmanuel Macron face à la 4e vague (2).
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Covid-19 : la France plus vaccinée qu’Israël
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20210814-covid-ef-vaccination.html
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