Les cheveux dressés sur la tête

Publié le 01 juillet 2007 par Marc Lenot

Chizhevski Lessons, de Micol Assaël, à la Kunsthalle de Bâle (fini depuis le 17 Juin).

A l’entrée, vous déposez appareil photo, téléphone, cartes magnétiques, pièces de monnaie; vous certifiez n’avoir pas de pacemaker, mais on vous laisse vos piercings et boucles d’oreille. Vous êtes sur le seuil d’une immense pièce vide de plus de 200m2. A une hauteur de 4 mètres, une vingtaine de plaques de cuivre verticales suspendues et reliées par des fils. Un peu inquiet, vous pénétrez précautionneusement dans la salle, et au bout de quelques pas vos cheveux se dressent sur votre crâne, littéralement. En même temps, vous percevez une certaine sensation d’euphorie, de bien-être, de légèreté; à chaque pas, vous croyez vous envoler. Joyeux et échevelé, vous arpentez la salle en tous sens.

Vous êtes entré dans un chandelier de Chizhevski, un champ électromagnétique de grande puissance où les particules de l’air deviennent des anions négatifs. Nous avons tous expérimenté cela quand, dans une atmosphère chargée en électrostatique, nous touchons un objet ou une personne chargés en sens contraire et qu’une légère secousse se produit. Ici, et sans risque, la même situation est amplifiée. Une vidéo fort savante l’explique, me replongeant dans les cours de physique de ma jeunesse. 

De l’art ou le Pavillon de la découverte ? Nous expérimentons avec notre corps le caractère invisible de l’électricité immatérielle, nous nous approprions l’espace, nous explorons ce mystère électrique, incompréhensible mais réel, comme d’autres les mystères de la foi. Micol Assaël, une Italienne de 28 ans, travaille sur la perception de l’espace, sur l’implication du spectateur, sur son statut de cobaye réticent. A Venise il y a quatre ans, benjamine de la Biennale, elle faisait souffler la tempête et jaillir l’éclair. Elle nous interdit la passivité, la contemplation, le confort, elle nous fait prendre des risques. Voilà quelqu’un dont je vais suivre le travail. 

Cette exposition finissait le jour de ma visite, mais vous pouvez maintenant aller voir l’exposition au rez-de-chaussée de la Kunsthalle, Poor Things, jusqu’au 2 Septembre : un peu disparate, mais quelques belles pièces (en particulier Kilian Rüthemann).

Enfin, pour clore le chapitre bâlois, l’exposition sur l’Internationale Situationniste, dont j’avais parlé quand elle était à Utrecht, est au Musée Tinguely à Bâle jusqu’au 5 Août. Elle était, à mon avis, mieux présentée à Utrecht, plus intense, avec davantage de documents et d’éclairages historiques, mais elle mérite néanmoins le détour.

Photo (c) Kunsthalle Basel 2007, Serge Hasenböhler