Il s’agit de l’expression la plus achevée d’une guerre qui prend le déguisement de la négociation. Une guerre qui n’a plus besoin d’armées si ce n’est pour affirmer sa puissance virtuelle : une guerre sans le recours ancestral aux territoires annexés. L’Organisation mondiale du commerce (OMC) s’occupe des règles régissant le commerce entre les pays. Au cœur de l’Organisation se trouvent les Accords de l’OMC, négociés et signés par la majeure partie des puissances commerciales du monde et ratifiés par leurs parlements. Le but avoué est « d’aider les producteurs de marchandises et de services, les exportateurs et les importateurs à mener leurs activités. » Doux euphémismes !
Les « conflits » liés à la fusion économique mondiale ne sont rien de plus, mais rien de moins, qu’une lutte pour la répartition des richesses -un combat aussi ancien que le capitalisme lui-même. Ce qui est ahurissant, c’est le fait que les mystiques du marché parviennent toujours à nier cette simple vérité, à se la dissimuler à eux-mêmes comme au grand public.
Et pourtant ! Voilà bien l’essentiel. La discussion sur l’OMC est très difficile. Les négociations sont tendues entre américains, chinois et indiens mais aussi avec les pays dits « émergents » et une Europe en pleine division.
Le plus remarquable dans cette jungle, c’est l’extraordinaire vigilance des États-Unis à l’encontre de toute velléité de protectionnisme, en Inde ou en Chine par exemple. Cette préoccupation irascible peut prêter à rire venant du pays sans doute le plus protectionniste de la planète, même si cette réalité s’exprime sous des formes déguisées. Quand les Chinois réclament une forte réduction, voire l’élimination, des subventions américaines sur le coton, ils ont beaucoup de mal à se faire entendre. Mais quand l’Inde sur la question de la clause de sauvegarde, réclame une protection tarifaire en cas de flambée des importations d’un ou plusieurs produits agricoles, elle se fait tancer
Pour la France “le projet actuellement sur la table n’était pas acceptable en l’état”. “A l’OMC, cet accord qui est sur la table, s’il n’est pas modifié, nous ne le signerons pas” a déclaré Nicolas Sarkozy, actuel président de l’UE. “La Commission [européenne] est chargée de négocier ici à l’OMC au nom de tous les Etats membres …“Nous continuerons ainsi sur la base du mandat que nous avons.” Lui a répondu Le commissaire européen au commerce, Peter Mandelson. Sarkozy se plaint alors auprès de Barroso. Il aurait demandé à ce que le négociateur européen, Peter Mandelson, vienne à Paris pour faire un point sur l’état des discussions, mais celui-ci a refusé. Lundi, le porte-parole de Peter Mandelson a promis que ce dernier se rendrait à Paris “dès que possible” après la fin de la négociation. Il ne faudrait tout de même pas mélanger les torchons et les serviettes !
Rappelons que le « cycle » de négociations lancé à Doha en 2001 devait initialement être conclu en 2004, mais on le sait, il n’y aura jamais d’armistice dans cette guerre là : celle de la répartition des richesses.
Echec en vue des négociations de l’OMC
LEMONDE.FR | 29.07.08