Lutte contre le Sida : des progrès mais alerte maximale en Russie et en Ukraine

Publié le 29 juillet 2008 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

Par Jacques DEHAIRE

On aimerait s'en réjouir. Selon L'ONUSIDA, qui vient de publier son rapport bi-annuel,  l'épidémie de sida marque le pas, avec une baisse des décès et des personnes nouvellement infectées. Mais ce constat est plus un encouragement en faveur d'un renforcement des actions en tous genres et à tous les niveaux qu'un motif de satisfaction. Ce fléau (qui atteint près de 33 millions de personnes recensées) reste à un niveau inacceptable et scandaleux. Et l'avenir de la pandémie est incertain. Un point particulièrement noir : la Russie et l' Europe orientale (l'Ukraine, notamment).  

Le directeur exécutif de l'Onusida a souligné hier que « la lutte contre la pandémie a fait plus de progrès ces deux dernières années que pendant les vingt précédentes  mais que  les taux de nouveaux cas d'infection par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) responsable du sida augmentent dans de nombreux pays dont la Chine, l'Indonésie, le Kenya, le Mozambique, la Papouasie Nouvelle Guinée, la Russie, l'Ukraine et le Vietnam. »

« Je suis  très pessimiste sur ce qui se passe en Russie et en Europe orientale, » a insisté  M. Piot. « C'est la région du monde où il y a le moins de progrès. »

En 2007, quelque 1,5 million de personnes vivaient avec le VIH en Europe orientale et en Asie centrale, contre 650.000 en 2001. « Près de 90% des personnes séropositives dans la région vivent en Ukraine et dans la Fédération de Russie », a-t-il précisé.

L'usage  de stupéfiants par injection serait  le problème numéro un en Russie où la méthadone (un produit de substitution) est toujours illégale, ce qui empêche de contrôler l'épidémie. « Ce n'est pas une question d'argent. C'est une question de politique », a estimé M. Piot. Autres catégories de victimes : les prostituées et les homosexuels. Il est particulièrement important que les actions de préventions soient poursuivies et intensifiées dans tout l'espace paneuropéen et en Asie centrale.

Selon le rapport, le nombre de nouvelles infections a en revanche diminué dans plusieurs pays, dont le Rwanda et le Zimbabwe, en raison de changements dans les comportements sexuels, en particulier l'usage de préservatifs chez les jeunes.

Quelques signes encourageants :

>>> De 2005 à 2007, le nombre de femmes séropositives enceintes recevant un traitement rétroviral pour éviter de transmettre le virus à l'enfant est passé de 14% à 33% et le nombre d'enfants infectés a baissé, de 410.000 à 370.000.

>>>>Une baisse de la mortalité à 2 millions de personnes, des progrès "considérables" dans quelques pays contrebalancés par une aggravation de la situation dans d'autres, des crédits multipliés par six pour les pays pauvres depuis 2001

>>> En deux ans, le nombre d'infections nouvelles chez les enfants a ainsi chuté de 410.000 à 370.000.

Mais l'amélioration est lente. Le nombre de personnes vivant avec le VIH augmente doucement, grâce aux trithérapies qui prolongent la vie, mais aussi parce que l'infection est loin d'être jugulée. Même si, depuis 2001, le nombre des nouveaux cas est passé de 3 à 2,7 millions, soit une baisse de 10% en six ans.

L'Afrique subsaharienne, où seulement un tiers des personnes qui en auraient besoin ont accès à un traitement (45% de plus qu'il y a deux ans) reste à la traîne. Le sida est la cause majeure de mortalité et 12 millions d'enfants y sont des orphelins du sida. L'espérance de vie est inférieure à 40 ans au Zimbabwe.

La prévention y gagne cependant du terrain, et l'on note dans certains pays des modifications du comportement sexuel : recours plus fréquent au préservatif chez les jeunes à partenaires multiples, augmentation de l'âge aux premiers rapports... Ainsi, au Cameroun, le pourcentage de jeunes ayant eu des rapports sexuels avant l'âge de 15 ans est passé de 35% à 14%.

Le sida a entraîné une mobilisation « sans précédent », remarque l'Onusida. Mais on reste  loin du compte pour réaliser l'engagement des pays de l'ONU de fournir à tous un accès à la prévention et au traitement en 2010, voire de renverser le cours de la maladie d'ici 2015.

Pas moins de 10 milliards de dollars ont été mis à disposition des programmes sur le VIH en 2007. Continuer d'améliorer l'accès aux soins comme aujourd'hui nécessiterait 50% de plus. Quant à l'accès universel aux traitements et à la prévention, il coûterait plus de 42 milliards d'euros. Un sujet dont on devrait beaucoup discuter à Mexico où s'ouvre dimanche le congrès mondial sur le sida.

Jacques DEHAIRE

LE RAPPORT D'ONUSIDA

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